Friday, September 29, 2006

Lettres du Sahara

Lettres du Sahara



On part de l’Afrique besogneuse et pauvre mais on revient en Afrique parce que "si ici il faut toujours fuir, de quelle vie s’agit-il ?" Et en Italie - ou le jeune Sénégalais Assane est arrivé en risquant sa peau après avoir été balancé à la mer avec d’autres clandestins - il faut toujours fuir.

Fuir la police nationale qui te renvoie dans ton pays, fuir la police municipale qui te confisque la camelote, fuir les racistes qui te battent et essayent de te tuer. Cet Occident pervers qui continue à exploiter le peuple noir, comme le rappelle le vieux maître d’Assane à tant d’enfants réunis en classe quand il rentrera dans son pays.

Il revient épuisé et marqué par la terrible expérience du tabassage subi par des jeunes comme lui, auxquels des politiques et des ministres de la République italienne qui s’appellent Bossi et Fini ont appris le racisme. Et la télévision publique, la même qui diffuse des spot hypocrites contre la discrimination, relance une sorte de générique cohabitation avec les racistes par des prises de vue, souvent sans commentaire ni censure, des stades de foot de la Botte où on exalte les fours pour les Juifs et les Nègres.

C’est dans ce pays qu’Assane commence sa pérégrination en espérant trouver l’Eldorado. Il la commence en Sicile, où l’unique chaleur qu’il rencontre est celle des bidonvilles de ses compatriotes brûlés par les petits mafieux aux ordres des contremaîtres qui le font travailler dans les champs pour vingt-sept euros par jour pendant un nombre d’heures non précisé. Douze, quatorze ? A Florence, hôte de sa cousine Salimata, il trouve de la vraie chaleur et de la véritable affection.

Mais là Assane a des scrupules, et son rigide credo religieux ne lui permet pas d’accepter les choix laïques de sa cousine qui fait le mannequin et vit avec un homme. Il repart. A Turin il rencontre la solidarité de ses compatriotes qui s’entraident comme une grande famille. Il connaît l’usine et le soutien moral et matériel de bénévoles (il y a aussi des Italiens démocratiques) soutenant l’insertion des travailleurs extracommunautaires par l’instruction et plusieurs initiatives sociales et humanitaires.

Malgré ces rencontres, Assane n’y arrive pas. Il est atteint du syndrome de l’émigrant, qui n’arrive pas à s’intégrer. Il a la nostalgie des couleurs, des sons, des odeurs, des rythmes, de l’énergie que sa terre magique sait offrir. Il veut ressentir la naturelle succession de marques d’affection de mères et de sœurs d’une communauté rurale qui n’a pas perdu les valeurs profondes et qui sait surtout les partager. En évitant l’individualisme effréné qui cause l’isolement et la solitude typiques des villes immergées dans le consumérisme occidental. Il a envie de donner ce témoignage aux jeunes qui rêvent de faire le saut vers l’Europe : cette vie sera dure et même ceux qui reviendront avec de l’argent auront souffert et peut-être, comme lui, n’effaceront jamais les blessures profondes de leur visage et de leur cœur.

C’est une fiction jouée qui a souvent l’empreinte et la rigueur du vrai documentaire. Et qu’est-ce qui mieux que la réalité arrive à témoigner d’évènements dramatiques comme ceux qui sont racontés ? Racontés avec l’œil et le sentiment d’un immigré clandestin, dans la tête et dans l’âme duquel nous ne savons pas entrer. Parce que, même si nous ne sommes pas racistes, nous sommes silencieux et pris pas toutes autres affaires plutôt que disponibles à comprendre les drames de cette partie du monde - cinq milliards de personnes - qui doivent se partager 17% du revenu planétaire. Nous sommes ces 800 millions disposant de 83%. Nous sommes dans ce Paradis immoral et nous devons et voulons continuer à consommer.

Mise en scène : Vittorio De Seta
Sujet et scénario : Vittorio De Seta
Directeur de la photo : Antonio Gamboni
Montage : Marzia Mete a
Avec : Djibril Kebe, Paola Ajmone Rondo
Musique originale : Mauro Tronco
Production : Luce
Origine : Italie
Durée : 123’


Par Enrico Campofreda, traduit de l’italien par karl & rosa

Le dépassement des origines

« En tant que natif d’Islam, je ne veux pas être protégé par la censure ni par l’occultation des problèmes et des contentieux que suscite mon origine. Je souhaite être reconnu et identifié dans la confrontation, le face-à-face […]. Pour assumer une convivance fondée sur la connaissance et le dépassement de nos origines, il convient de ne pas éviter l’opération didactique qui ose analyser ce qui se donne et se présente dans ces textes de nos mémoires mutuelles, pour y distinguer la vérité et la manipulation malveillante ou inconsciente : instruire le contentieux en jouissant de la liberté. »


Abdelwahed Meddeb, in Contre-prêches

Wednesday, September 27, 2006

Badghdad Diary

“I grew up in Ireland during the Troubles and know the anguish one experiences during times like that (like the situation in Iraq now). It is indeed pure hell being worried your mother and father will be dragged from their home at night, never to be seen again; looking at everything as a potential bomb; and asking why no one offers help.”


Sandra Hoye,

Spokane, Washington, US

In, Time magazine, September 25, 2006, p.6

Thursday, September 21, 2006

Interventionist machismo

The inhumane folly of our interventionist machismo

Anyone can call for action to end fighting. Few consider what this usually involves: people dying to no good purpose.

Simon Jenkins
Wednesday September 20, 2006

It is official. Tony Blair says so. The United Nations, the Archbishop of Canterbury, George Clooney, Elton John and the BBC en bloc say so. It is something-must-be-done-about-Darfur week - yet again. Something had to be done two years ago, when the situation was declared "unacceptable" by Jack Straw, to which every party cried amen. The adjective has this year been upgraded to "completely unacceptable" in honour of the UN general assembly in New York, the annual bid to exhaust world supplies of lobster, Pomerol and hypocrisy.

Article continues

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Even by UN standards last weekend's "global day for Darfur" was cringe-worthy, ranking with the £100m squandered by the British government in Gleneagles last year to pretend to fight poverty. The latest Darfur round was kicked off with Blair sending a public letter to fellow EU leaders calling for "pressure" on Khartoum and the rebels. The usual celebrities were whipped into letter-signing mode to shame the janjaweed into their tents. George Bush came in on cue with a demand for troops to be sent, but not American or British. By this week everyone was feeling better, except possibly the Darfurians.

Cynical? Yes. The outside world has not the slightest intention of taking military action in Sudan. The Sudanese government knows this and gives not a fig for other sanctions. It has oil and friends in the east and, as Jonathan Steele pointed out yesterday, reached a deal with rebels in the south, similar to one reached five years ago, only to find it rejected in Darfur.

To call the conflict genocide is wrong, unless the word now covers any ethnic war. This is a separatist struggle in which land, religion, clan and mere survival brought people into contention; in which tens of thousands died and from which hundreds of thousands fled. We can sympathise, but what is the point of telling such peoples to stop squabbling and behave? How would we react if they lectured us on Northern Ireland?

I have no doubt that the Sudanese government can be mendacious, paranoid and grotesque in its suppression of rebels. It is also apparently our ally in the war on terror. It cannot see why it should admit UN forces it regards as aiding the rebels. The president, Omar al-Bashir, also fears indictment for war crimes and wants no foreign troops near him. (A similar fear impedes the search for peace in Uganda.) The reality is that Sudan is riven by an intractable conflict that foreign ill-wishers and name-callers will never resolve, and the one incontrovertible fact is a humanitarian disaster.

Interventionist machismo demands that all such conflicts be tackled "at political source". There is no point in helping mere symptoms, the victims, which is a job for wimps and charities. Real men do war and regime change. To such people, wrongdoers must be excoriated, condemned and preferably toppled. There must be economic sanctions (always "smart") and international indictments. There must be UN troops, preferably not ours. In this, Blair, Bush, Clooney, the New York Times and the Guardian are one.

Machismo in foreign policy always has the best tunes, but tunes are not enough. First, they show a bizarre selectivity related chiefly to television coverage. The reluctance of interveners (mostly Britons and Americans) to come to the aid of Tibetans, Chechens, Zimbabweans or Kashmiris may be realpolitik. But the neglect of Congolese, Sri Lankans, Burmese or Uzbekistanis - with political and humanitarian outrages aplenty - is odd.

If Sierra Leone, why not Somalia? If East Timor, why not Aceh? Why so tolerant of that nuclear host to terror, dictatorial Pakistan, and so hysterical about semi-democratic Iran? It is no good muttering that we cannot be everywhere. We can at least talk the talk. Kant's moral imperative must be universalisable or it loses all force as both a rule and a deterrent.

More serious is the lack of sincerity behind this interventionism. Nothing has changed since Kipling complained: "When you've shouted Rule Britannia / When you've sung God Save the Queen / When you've finished killing Kruger with your mouth ..." what then? British neoimperial belligerence has already committed troops to reckless, unwinnable wars in Iraq and Afghanistan. The floundering defence secretary, Des Browne, claims untruthfully never to have been warned about the Taliban. (Does he not read newspapers?) Any fool can call for "action to end the fighting" anywhere on earth, without giving a thought to what this involves. It usually involves other people dying to no good purpose.

The swelling chorus of something-must-be-done-in-Darfur argues that bombast "raises awareness". They ask, what would I do about the janjaweed, and what about the 1.9 million refugees? My answer to the first is identical in substance to theirs: nothing really. They just get the T-shirt. The janjaweed are not in my country, not my business and, most important, not a problem within my power to solve. Many conflicts have required external military sanction, including the Falklands, Kuwait, East Timor and, after a false start, Kosovo. This never applied to Iraq or Afghanistan. International politics has yet to find a way of expressing this distinction. Blair's 1999 Chicago speech was, in truth, confusion. The UN now rejects non-intervention in its members' internal affairs, but it has no ideology of proportionate aggression to replace it. This leaves the field open to jihadists on all sides.

As it is, spasmodic damnation merely shows the west as a paper tiger. It incites rebels and separatists to anticipate western support, which is why such support almost always leads to partition, Yugoslavia and Iraq being the most recent examples. As for the "coward's war" of sanctions, they only entrench regimes, hurt the poor and drive the middle class and opposition into exile. They never achieve their goal, least of all in the short term.

Today's constant banging of the aggressor's drum makes embattled regimes resist the one intervention that is often most urgent: humanitarian relief. Helping the starving and dying, monitoring their fate and protecting their relief should be the first responsibility of the international community. In Africa and elsewhere the involvement of charities in conflicts has become controversial. All relief is aid, and all aid is in some sense political. The more reason to uphold the purity of vision of the Red Cross pioneers, to help without taking sides. This struggle offers the UN scope enough for thought and action this week, most desperately in the very case of Darfur. To be diverted into regime abuse is mere celebrity grandstanding.

JENKINS, Simon, “The inhumane folly of our interventionist machismo”, The Guardian, London, September 20, 2006, p.25

Wednesday, September 20, 2006

Fuite des futurs cerveaux

Ces chiffres qui parlent

Fuite des (futurs) cerveaux


Selon le Recueil de données mondiales sur l’éducation 2006 de l’Unesco, les étudiants originaires d’Afrique subsaharienne sont le plus mobiles du monde : environ 1 sur 16 part à l’étranger, soit près de trois fois la moyenne mondiale. Première destination : l’Europe de l’Ouest, notamment la France (21%), le Royaume-Uni (12%) et, dans une moindre mesure, l’Allemagne (6%) et le Portugal (5%).


Cette fuite des futurs cerveaux touche de plein fouet le Botswana, le Cap-Vert, les Comores, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale, le Lesotho et la Namibie, où plus de 50% des étudiants choisissent de partir.


La mobilité des étudiants originaires des États arabes enregistre aussi une croissance continue depuis cinq ans. Ils représentent aujourd’hui 7% du total. En Mauritanie, au Maroc et au Qatar, ils sont respectivement 22%, 15% et 13% à tenter leur chance à l’étranger. Destinations principales : la France (43%), les Etats-Unis (10%) et l’Allemagne (9%).


MABROUK, Sonia, « Fuite des futurs cerveaux », Jeune Afrique l’Intelligent, Paris, N°2384, du 17 au 23 septembre 2006, p.14

Feeling safe

How Much Risk Can We Take ?

“You asked “What will it take to make us feel safe?” [Aug.21] I would feel safe if Britain detached itself from U.S. foreign policy; if the West and Israel stopped bombing and humiliating the Arab states; if the Palestinians were given their own state and it was supported by the West to the same degree as the state of Israel is supported; if we stopped demonizing Iran and Syria; if we opened a meaningful and respectful dialogue with the states of the Middle East; if we stopped supporting corrupt Arab regimes; if Britain and America stopped their gun-running activities; and if Muslim leaders in Britain were making it sufficiently clear in the public forum that the taking of any human life is evil.


JIM MCCLUSKEY

Twickenham, England

In Time magazine, September 25, 2006, p.8

Tuesday, September 19, 2006

Modern, Internet-based society

“It’s one of the singular features of our little social-technological moment that people all over the world whom we otherwise would never even be aware of can effortlessly impinge upon our minds and lives and desktops. We probably see fewer people in person these days, but our lives are populated by an entire chorus of disembodied presences, amplified and directed by the Internet, as if we had all begun to suffer from a mild form of schizophrenia. Everybody talks a little louder now. There’s little less mental elbow room.”


GROSSMAN, Lev, “My Mortal Enemy”, Time, September 25, 2006

Monday, September 18, 2006

Internet en Afrique

« Chaque seconde, 1,1 million de mégabits circulent dans le monde, dont 60 % entre l’Europe et les États-Unis. Sur ce total, 0,58 % seulement sont échangés entre l’Afrique et le reste de la planète. »


SANDOULY, Patrick, Internet en panne, Jeune Afrique, 10 septembre 2006, http://www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN10096interennapn0

La dette dénoncée

Des pays pauvres, essentiellement africains, dénoncent les lacunes de l'allègement de leur dette

18 septembre 2006 - AFP

Les pays les plus pauvres, essentiellement africains, ont dénoncé lundi les lacunes de l'initiative internationale qui a abouti cette année à l'allègement de leurs dettes auprès de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

"Il ne faut pas se faire d'illusion, même si on annule la totalité de sa dette il faudra des ressources additionnelles pour financer son développement", a souligné à Singapour le ministre des finances du Niger, Ali Lamine Zeine, en marge des assemblées annuelles des deux institutions multilatérales à Singapour.

Ce dernier est président du groupe des ministres des finances des pays pauvres très endettés, essentiellement africains et bénéficiaires de l'initiative.

Les deux institutions, ainsi que la Banque africaine de développement, ont accepté l'an dernier d'effacer près de 50 milliards de dollars de dette d'une quarantaine de pays pauvres très endettés. Ces pays se sont vus imposer de strictes conditions sur la manière dont ils peuvent dépenser les fonds ainsi dégagés.

Dans leur bilan du résultat d'une année d'allègement, les ministres ont relevé plusieurs lacunes : les ressources supplémentaires promises pour favoriser le développement n'arrivent pas et les critères pour obtenir des allègements supplémentaires sont trop sévères.

"Si vous voulez vraiment réduire le cycle de pauvreté il faut trouver de l'argent pour l'électricité, les infrastructures, les écoles et donc vous devez à nouveau emprunter", a expliqué le miinistre des finances du Ghana, Kwadwo Baah Wirendu.

Il a précisé que même si son pays avait obtenu un allègement total de 4 milliards de dollars des trois institutions financières multilatérales, pour la Banque mondiale l'allègement s'étend sur 40 ans ce qui pour 2006 ne se traduit que par une économie de 28 millions de dollars.

De plus les ministres ont critiqué la décision de la Banque mondiale de fixer la date butoir pour l'éligibilité à l'allègement à décembre 2003 alors que l'initiative n'entrait en vigueur que le 1er juillet 2006. Toute la dette accumulée entre ces deux dates n'entre ainsi pas en compte dans cette allègement.

Ils ont aussi déploré que la Banque interaméricaine de développement n'ait toujours pas formellement décidée de se joindre à l'initiative.

Autre grief cité, la multiplication des offres des "marchands d'illusions", selon les termes du ministre du Niger, référence aux créanciers privés qui proposent des prêts à la suite de l'allègement de la dette multilatérale.

"Mais grâce à la vigilance des autorités au Niger, nous avons évité soigneusement d'y recourir", a-t-il ajouté.

Enfin, les ministres ont souligné la vulnérabilité de leurs économies toujours fragiles face aux chocs extérieurs, comme la flambée des prix du pétrole et la chute des cours de certaines matières premières.

AFP

L'éducation et le développement

« Préparer les jeunes à créer et trouver de bons emplois »


La Banque mondiale (BM) estime que l’éducation représente un pilier fondamental dans la lutte contre la pauvreté.

Selon la Banque mondiale, un nombre record de 1,3 milliard de jeunes vivent dans les pays en développement, d’où le besoin, pour leurs gouvernements, d’investir dans l’éducation et la formation.

Dans son dernier rapport, la Banque mondiale incite les gouvernements à investir dans les secteurs vitaux de la santé et de l’éducation, en tant que moyens vitaux permettant d’éradiquer la pauvreté.

Ce nombre élevé de jeunes « représente de grandes opportunités dans la mesure où de nombreux pays auront une main d’œuvre plus nombreuse, plus qualifiée, et moins de personnes à charge », souligne l’économiste en chef de la BM, François Bourguignon.

Toutefois, le haut responsable de cette institution rappelle qu’il faut aussi « que ces jeunes soient bien préparés de manière à créer et à trouver de bons emplois. »

Le dernier rapport de la Banque mondiale montre que près de la moitié des personnes sans emploi dans le monde sont des jeunes de moins de 24 ans. Le nombre de personnes âgées entre 15 et 24 et ne savant ni lire ni écrire atteint 130 millions.

Le rapport met en exergue l’importance d’une scolarité primaire réussie, de manière à ce que « la scolarité secondaire puisse porter pleinement ses fruits. »

De nouvelles données permettent également de relever une progression de l’Asie de l’Est et de l’Amérique Latine, qui ont enregistré, entre 1965 et 1990, un niveau de croissance supérieur par rapport aux autres régions touchées par la pauvreté et la misère.

Le rôle de l’éducation dans le développement n’est plus à prouver. La Banque mondiale est aujourd’hui davantage convaincue de cette thèse, et ne lie plus le succès économique aux simples données micro- et/ou macroéconomiques. Il aurait été salutaire que cette institution, en annulant la dette du tiers-monde, permette aux pays pauvres d’améliorer la qualité de l’enseignement.

A. J.

Développement - Migration

L’analphabétisme dans le monde arabe

La pauvreté en chiffres

L’État de non droit

L’économie mise à mal par la corruption judiciaire

L’Afrique Australe en manque de médecins

Wolfowitz : Une victoire des peuples du monde

Un autre monde est possible

Belgique : les Marocains touchés par la pauvreté

Le commerce équitable

Vidéos de Kony

Gamal Moubarak sur orbite

La France pas si généreuse

Fuite des futurs cerveaux

La dette dénoncée

L’éducation et le développement

Actualités / brèves

Actualité

Musharraf : un président contesté

Brèves

Darfour : journée de solidarité

Russie : démographie en déclin

Darfour: journée de solidarité

Soudan – Darfour

Darfour : une journée de solidarité à Bruxelles


Plusieurs groupes de défense des droits de l’homme ont organisé dimanche à Bruxelles une journée de solidarité en faveur du Darfour, afin d’attirer l’attention sur cette « guerre oubliée. »

Une centaine de membres d’Amnesty International ont protesté dimanche à Bruxelles devant le siège de l’ambassade soudanaise et ont exhorté Khartoum à accepter le déploiement de forces onusiennes de maintien de la paix.

Les initiatives plaidant pour un déploiement de Casques bleus dans le Darfour se multiplient à l’approche du 30 septembre, date d’expiration du mandat des troupes de l’Union Africaine déployées au Soudan depuis 2004.

Le gouvernement soudanais continue à s’opposer à ce déploiement, même si une résolution onusienne
en ce sens a été votée fin août.

Selon Jan Broadcatus, porte-parole d’Amnesty International, Khartoum devrait accepter « le déploiement des casques bleus sur son sol. »

Le gouvernement soudanais préconise l’envoi de ses propres troupes « pour ramener le calme au Darfour », mais plusieurs observateurs s’interrogent si ces troupes, dont certains éléments ont été impliqués dans des atteintes aux droits de l’homme, « pourront amener la sécurité et la stabilité. »

Par ailleurs, l’Union européenne, qui a déjà versé € 340 millions d’aide humanitaire au Darfour, a déjà mis en garde Khartoum, les rebelles armés ainsi que « tous ceux qui décident et mènent des actions ayant pour conséquence la mort ou la souffrance au Darfour. »

A. J.

Russie: démographie en déclin

Russie – Croissance démographique

Russie : 9.000 dollars pour un deuxième bébé


Le gouvernement russe se penche sérieusement sur un projet de loi permettant de payer une allocation d’environ 9.000 dollars à partir du 2ème enfant.

Ces mesures s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme ayant pour objectif l’enraiement de la forte diminution de la population.

Le président Vladimir Poutine s’est également engagé à faire voter des lois permettant de palier le déclin démographique dans un pays qui aurait perdu quelques 5,8 millions d’habitants depuis 1993.

Selon le ministre russe de la santé et du développement social, Mikhaïl Zourabov, les femmes « qui accoucheront du 2ème , du 3ème ou du 4ème enfant à partir de janvier 2007 auront droit à une somme de 250.000 roubles (9.000 dollars) au bout de trois ans. »

A. J.

Saturday, September 16, 2006

Stig Dagerman

Si je veux vivre libre, il faut pour l’instant que je le fasse à l’intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même – mais, d’un autre côté, c’est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance.

Stig Dagerman, in « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. »

Tuesday, September 12, 2006

The Fate of Africa


The Fate of Africa

From the Hopes of Freedom, to the Heart of Despair

Africa and Its Rapacious Leaders

By JANET MASLIN

In the words of an African proverb cited in Martin Meredith's Sisyphean new volume: "You never finish eating the meat of an elephant." That thought is summoned by the overwhelmingly difficult assignment that this historian, biographer and journalist has given himself. He has set out to present a panoramic view of African history during the past half century, and to contain all its furious upheaval in a single authoritative volume.

Everything about this subject is immense: the idealism, megalomania, economic obstacles, rampant corruption, unimaginable suffering (AIDS, famine, drought and genocide are only its better-known causes) and hopelessly irreconcilable differences leading to endless warfare. "The rebels cannot oust the Portuguese and the Portuguese can contain but not eliminate the rebels," read a typically bleak 1969 American assessment of a standoff in Guinea-Bissau.

For the author, even organizing this information is a hugely daunting job. How can such vast amounts of information be analyzed for the reader? One way was to follow parallel developments in different places - which is more or less how Mr. Meredith works, with attention to the hair-trigger ways in which one coup or crisis could set off subsequent disasters. He is able to steer the book firmly without compromising its hard-won clarity.

He might just as easily have divided the book's terrain into geographical regions and studied each one chronologically. But one of his initial points is that even the boundaries that once defined African nations lacked legitimacy. When European colonial powers carved up the continent - in the so-called "Scramble for Africa" - late in the 19th century, the British prime minister, Lord Salisbury, remarked, "We have been giving away mountains and rivers and lakes to each other, only hindered by the small impediment that we never knew exactly where they were."

"The Fate of Africa" does not even attempt to deal with such past outrages. In fact, its lack of range beyond the author's designated half century is a liability. But Mr. Meredith wisely begins his narrative on Feb. 9, 1951, a pivotal date in the history of what was then Britain's Gold Coast (but would soon reclaim its earlier name, Ghana). On that day the political prisoner Kwame Nkrumah was elected to political office as Britain began fulfilling its promises for the country's self-determination. Four days later, Nkrumah was designated the new prime minister. And the cycle this book describes - from the shadow of colonialism to the bloom of self-government, onward to tyranny, profiteering and vicious internecine warfare - had begun.

"What is so striking about the 50-year period since independence is the extent to which African states have suffered so many of the same misfortunes," Mr. Meredith writes, making the book's most striking point. So he must present many differently nuanced versions of the same story. Once the founding fathers, idealists and ideologues like Nkrumah (a lonely figure who shared an unlikely friendship with Queen Elizabeth) give way to a new breed of authority, the book becomes heavily dominated by the self-styled giant: "a flamboyant, autocratic figure, accustomed to living in style and demanding total obedience."

Africa has produced many different versions of this figure. And their collective tenacity has been extraordinary: by the end of the 1980's, Mr. Meredith points out, "not a single African head of state in three decades had allowed himself to be voted out of office." Instead, these dictators - figures as different as Haile Selassie of Ethiopia, Idi Amin of Uganda, Gnassingbé Eyadéma of Togo and Robert Mugabe of Zimbabwe, who has boastfully called himself a tougher version of Adolf Hitler - "strutted the stage, tolerating neither opposition nor dissent, rigging elections, emasculating the courts, cowing the press, stifling the universities, demanding abject servility and making themselves exceedingly rich."

There is more than enough ignominy to go around. But the book reserves a special distinction for Jean-Bedel Bokassa of the Central African Republic, whose reign "combined not only extreme greed and personal violence but delusions of grandeur unsurpassed by any other African leader." Bokassa's coronation in 1977 cost $22 million and took place in a country with only 260 miles of paved roads.

Although Mr. Meredith finds a few bright spots of economic viability (Botswana), uplift (South Africans coming out in droves to vote for Nelson Mandela's presidency), noble characters (the poet-president Léopold Senghor in Senegal) and worthwhile leadership (Vice President John Garang, the former rebel leader whose death in a helicopter accident last week set off paroxysms of grief in Sudan), almost all of his book involves copiously documented evidence of rampant graft and mind-boggling corruption.

This account might be accused of reckless pessimism if it were not so well documented. Sources here include African writers (Chinua Achebe, Wole Soyinka), fellow journalists with African expertise (Michela Wrong, Philip Gourevitch) and reports by Human Rights Watch and the United Nations Commission on Human Rights. Joseph Conrad, who knew something about the heart of darkness, is cited too.

"The Fate of Africa" is all too eventful. General Amin may have been the most infamous, crocodile-fancying thug of his day, but he occupies only a few of this book's 700-odd pages. Also to be found here are France's struggle with Algeria (the subject of 3,000 books and 35 films, according to the author); the role and martyrdom of Patrice Lumumba in the Congo; Che Guevara's frustrating foray into Africa after Cuba's revolution; the first stirrings of an Islamic jihad in Africa; and the disastrous miscalculations behind American intervention in Somalia.

Mr. Meredith's frequent claim is that complicated African problems have been exploited and oversimplified for the benefit of the wider world. He points to rampant misconceptions that Hutu refugees were the victims, not the perpetrators, of Rwandan genocide. He sees a cynical political component to highly publicized starvation in places including Ethiopia and Biafra. The book underscores the frustration of famine relief organizations in trying to deal with governments cynical enough to use starvation as both photo opportunity and military tactic.

As for its title, "The Fate of Africa" finds woe there too. "Far from being able to provide aid and protection to their citizens," he writes, "African governments and the vampirelike politicians who run them are regarded by the populations they rule as yet another burden they have to bear in the struggle for survival."


NY Times



Sur la télévision

« Il y a une proportion très importante des gens qui ne lisent aucun quotidien ; qui sont voués corps et âme à la télévision comme source unique d’informations. La télévision a un monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population… Ceux qui ont pour tout bagage politique l’information fournie par la télévision, c’est à dire à peu près rien. »

Sur la télévision, Pierre BOURDIEU

Monday, September 11, 2006

Rome selon Béatrice Libert

La main lente
n'arrête ni ne prend
Elle touche de son aile
l'âme menue des choses

**

Fuir dans les plis
de l'abandon
une route ouverte
en soi

**

S'arrêter au bord de l'extase
Entendre monter
la sève en soi

Extraits de: Poèmes inédits de Béatrice Libert sur des dessins de Martine Chittofrati

Nous pouvons exploiter toute la misère du monde

"Nous exploitons toute la misère du monde."



La question des "sans-papiers" hante le débat politique sans trouver de réponse satisfaisante pour bon nombre d'acteurs associatifs et académiques.

Qui des responsables aujourd'hui refuserait d'admettre que " nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde " ? Qui des responsables aujourd'hui ne subordonne pas "le devoir de solidarité" à "la protection de notre ordre social" ? Poser la question, c'est y répondre. Vraiment ?

En effet, derrière l'apparence pernicieusement péremptoire de cette manière de cadrer l'analyse se cache le caractère hautement idéologique de notre représentation des "sans-papiers".

Il suffit pour s'en convaincre de confronter notre perception de la question à quelques données… objectives qui font, bien trop souvent, cruellement défaut dans ce débat.

Ainsi, le pseudo "appel d'air" qui, pour d'aucuns, aurait suivi la régularisation de 1999 s'est, en réalité, accompagné, entre 2000 et 2002, d'une diminution constante de la population étrangère enregistrée en Belgique. En 2005, le nombre d'étrangers résidant officiellement dans notre royaume était inférieur à son niveau de… 1999. D'une part, le solde migratoire des non-Européens a baissé entre 1999 et 2001 et, d'autre part, les Marocains et les Turcs, invités à immigrer dans le cadre de la période d'expansion économique d'après-guerre et à présent ancrés en Belgique souvent depuis plus d'un demi-siècle, ainsi que leurs descendants, ont acquis la nationalité belge.

Si l'on considère les flux migratoires, le solde migratoire des non-Européens est en 2002 d'un peu plus de 30 000 personnes… du même ordre, à l'échelle de la population belge, que le nombre de Belges qui ont choisi cette année-là de s'installer à l'étranger.

Cet accroissement annuel de moins de 0,5 % de notre population ou la centaine de milliers de "sans-papiers" communément évaluée en Belgique (pas même 1% de la population belge) seraient-ils une menace pour l'ordre social de plus de… 10 millions de personnes? Se pourrait-il que notre modèle social soit mis en danger par une augmentation de la population aussi marginale ? Les études sur le sujet infirment cette hypothèse, à la différence patente des pays paupérisés qui accueillent, en réalité, l'immense majorité " de la misère du monde ". En effet, " les demandeurs d'asile et les réfugiés qui tentent leur chance en Europe et en Amérique du Nord ne représentent qu'à peine 5 % du total des réfugiés et déplacés dans le monde. Et seuls 0,2 % de ce total finissent par s'installer dans les pays riches, dont plus de 95 %… en Amérique du Nord ". Ainsi donc, si l'immigration est un " fardeau ", il l'est essentiellement et avant tout pour les pays paupérisés.

En ce qui concerne nos pays, bien plus qu'une menace pour notre ordre social, "les sans-droits", déshabillés de toute protection juridique ou sociale et livrés à toutes les formes d'exploitation, en sont en réalité davantage les victimes.

En effet, "la délocalisation sur place", équivalent, pour les secteurs économiques qui ne peuvent délocaliser leur production, de l'émigration de nos personnes morales, permet de parachever "l'exploitation de la misère du monde" que constitue la mise en concurrence, au niveau mondial, des niveaux et cadres de vie des travailleurs.

Nous profitons tous de cette exploitation de la misère du monde.

Effectivement, seule une faible partie de la valeur de notre production délocalisée rémunère le travail et les matières premières des pays du "sud" et de la "périphérie". L'essentiel de cette valeur irrigue notre économie et les différentes strates de notre société à des degrés divers.

Par ailleurs, l'exploitation économique criminelle des "sans-papiers" est un véritable soutien à notre pouvoir d'achat. A titre d'exemple, la seule Région de la Vénétie, en Italie, économise plus de 180 millions d'euros par an (environ un quart de l'aide au développement annoncée en 2006 par la Belgique !) en recourant aux aides à domicile en provenance de l'Europe de l'est. Combien en Belgique pour l'horeca, le bâtiment, les employés de maison, les soins à domicile, l'agriculture saisonnière,… ?

Enfin, quant à la très faible proportion de non-Européens (2%) qui composent la population active belge, leur ségrégation dans les segments d'activités les plus précarisés et la discrimination dont ils sont victimes ne sont plus à établir.

Exploité économiquement, le "sans-papiers" l'est une deuxième fois idéologiquement.

Représenté au mieux comme un problème, au pire comme un prédateur menaçant nos richesses, voire un criminel, le "sans-papiers" est instrumentalisé afin de légitimer l'imposition de l'austérité et le détricotage de nos acquis sociaux. Mis en concurrence avec des " sans-droits ", combien de temps les citoyens de ce pays pourront-ils préserver les leurs?

N'est-il pas temps de comprendre que la défense de nos acquis sociaux passe par la protection des plus fragiles d'entre nous ? L'intérêt bien compris n'impose-t-il pas l'alliance objective avec les victimes de notre ordre socio-économique?

La solidarité ou la violence comme base du rapport à l'autre ? Telle est la question qui est au coeur du débat sur la régularisation, en particulier, et sur la mondialisation, en général.

Notre ordre social et la bonne conscience qui y règne semblent démontrer que nous pouvons impunément "exploiter toute la misère du monde". Mais pour combien de temps ?

Par :

* Souhail Chichah (Chercheur au département d'économie appliquée ULB).
* Fouad Lahssaini (Président du Centre National de Coopération au Développement-11.11.11)
* Benoît Van Der Meerschen (Président de la Ligue des Droits de l'Homme)
* Pierre Galand (Professeur ULB)
* Ali Guissé (Coordinateur & Porte Parole Général UDEP National)
* Mateo Alaluf (Professeur ULB)
* Nouria Ouali (Chercheure au groupe de recherches " Genre et Migration " ULB)
* Serges Noël (Coordinateur SOS migrants)
* Jacques Bude (Professeur honoraire ULB)
* Nicole Mayer (Chef de travaux honoraire ULB)
* Lise Thiry (Professeur ULB)

Source

Sunday, September 10, 2006

Presse bananière en France

Presse bananière en France

Ceux qui imaginaient que les remous suscités par le renvoi du directeur de Paris Match par Arnaud Lagardère (propriétaire du titre), pour complaire à son ami Nicolas Sarkozy, obligeraient les artisans de la censure à un certain sens de la mesure se sont donc lourdement trompés. C’est à présent La Tribune qui affronte la tourmente. Afin, là encore, de favoriser le patron de l’UMP et ministre de l’intérieur, le directeur de la rédaction du quotidien économique (appartenant à M. Bernard Arnault, homme le plus riche de France et témoin de mariage de l’actuel ministre de l’intérieur) vient d’imposer à la collectivité de ses journalistes la censure d’un sondage favorable à Mme Ségolène Royal. Les syndicats ont aussitôt réagi.

Mais l’élément le plus nouveau est ailleurs. Le rôle partisan des oligarques de l’information commence à susciter des réactions politiques. Pas forcément du côté où on les attendait le plus. C’est en effet M. François Bayrou (1), président de l’UDF (centre droit), et pas la gauche ni l’extrême gauche, qui vient de mettre en cause, sur TF1, la détention des moyens d’information par des grands intérêts industriels engagés dans la campagne présidentielle de M. Sarkozy. On pourra objecter que la situation que M. Bayrou dénonce aujourd’hui découle de décisions auxquelles il fut lui-même associé comme député de la majorité ou comme ministre (loi Léotard de 1986 et loi Carignon de 1994). Mais peu importe à ce stade : depuis vingt ans la question des médias avait soigneusement été occultée par les responsables politiques. A présent ce débat nécessaire est relancé.

François Bayrou sur TF1 (2 septembre 2006)

François Bayrou, président de l’UDF, a été interrogé en direct par Claire Chazal sur TF1 le 2 septembre 2006 à 20 heures. Il a implicitement mis en cause sur cette antenne la très grande proximité entre M. Martin Bouygues et M. Nicolas Sarkozy.
François Bayrou : Ce qui est frappant, c’est que depuis des mois il y a une orchestration médiatique pour essayer de faire croire aux Français que le choix est joué à l’avance, et qu’ils n’ont plus que à se ranger derrière Nicolas Sarkozy ou derrière Ségolène Royal. Et les grands médias [sourire entendu], vous le savez bien…
C.C. : On vous reçoit François Bayrou, on vous écoute. On vous écoute ce soir et nous avions François Hollande sur ce plateau dimanche dernier. Donc, vous savez, nous recevons tous les chefs de partis.
F.B. : Sans le moindre doute. Claire Chazal, vous êtes totalement innocente de ce qui se passe. Et loin de moi, vous le voyez bien, l’idée de mettre en doute cette innocence vertueuse. Les grands médias ont orchestré pour les Français un choix dicté à l’avance et il n’y aurait rien d’autre à faire pour les citoyens, qu’obéir à ce choix et de se ranger derrière l’un ou derrière l’autre. Il se trouve de surcroît que ce choix, naturellement, arrange beaucoup de gens, arrange des intérêts puissants — et les Français le sentent bien. Il faut seulement accomplir avec eux la lecture, l’éclairage qui fait que désormais ils pourront retrouver leur liberté.
C.C. […] En critiquant assez violemment Nicolas Sarkozy, vous risquez de heurter ses amis.
F.B. : Je ne critique pas Nicolas Sarkozy…
C.C. : Vous avez été ferme…
F.B. : Oui il faut être ferme… en rappelant la proximité qui est la sienne avec des responsables économiques extrêmement puissants. C’est une proximité qui est affichée, assumée, et même étalée dans les journaux comme vous le savez.
C.C. : Ça n’empêche pas…
F.B. : Je considère pour moi, je considère pour moi Claire Chazal, que l’argent et la politique doivent être séparés. Je considère que l’un ne doit pas avoir barre sur l’autre. Notamment lorsque ces puissances économiques détiennent de très grands médias.
C.C. : C’est une accusation, c’est une accusation extrêmement violente qu’il faudrait… j’allais dire étayer par des choses concrètes. L’amitié ne signifie pas forcément une prise de position ou des concessions sur l’idéologie et les idées.
F.B. : Je comprends très bien, Claire Chazal, que vous défendiez, je comprends très bien que vous défendiez cette thèse, précisément sur votre antenne…
C.C. : Je ne défends aucune thèse en particulier…
F.B. : … Mais je puis vous assurer qu’il y a un problème républicain dès l’instant que de très gros intérêts financiers, industriels, sont liés à de très gros intérêts médiatiques, et sont en liaison intime avec l’Etat.
C.C. : En tout cas, précisons-le et rappelons-le très précisément, François Bayrou, sur cette antenne toutes les personnalités politiques de droite et de gauche s’expriment, avec des temps de parole strictement équivalents, contrôlés par le CSA, vous le savez bien. Alors…
F.B. : Je vous ai décerné, Claire Chazal, un brevet de vertu. Donc prenez-en acte.
C.C. : Je parle pour ma chaîne en général, pour cette antenne TF1.
F.B. : C’est un brevet de vertu général !
C.C. l’interroge à nouveau sur la nécessité pour lui, après avoir voté la censure, de se rapprocher de Sarkozy : « Il va bien falloir aussi que vous alliez vers vos futurs amis de l’UMP et vos futurs électeurs. »
C.C. Merci beaucoup, François Bayrou, d’avoir été en direct dans ce journal.
F.B. : Merci de votre invitation.

(1) Ecouter des extraits de son intervention dans l’émission « Là-bas si j’y suis » consacrée au Monde diplomatique de septembre.

Source : Presse bananière en France

Saturday, September 09, 2006

L'état de la lecture dans le monde arabe

L’état de la lecture dans le monde arabe

Dans le monde arabe, il y a un livre lu pour chaque 300 000 citoyens. Les 300 millions de citoyens arabes, répartis dans 22 pays, lisent, ensemble, 900 livres.

Le rapport de l’UNESCO sur le développement humain dans le monde arabe indique que la production de livres en arabe représente à peine 11% de la production mondiale, même si les arabes représentent 5% de l’ensemble de la population mondiale.

Le marché du livre dans le monde arabe réalise un chiffre d’affaires annuel ne dépassant pas 4 millions de dollars, alors que l’Union européenne réalise un chiffre d’affaires de 12 milliards de dollars. Ainsi, le monde arabe est littéralement « à l’écart » du monde de la lecture, alors que le premier verset de l’islam, religion majoritaire en terre arabe, est une injonction au savoir : « Lis au nom de ton Seigneur… »

Merci à tous ceux qui ont contribué ou qui contribuent encore à ce nouveau succès remarquable du monde arabe, succès qui s’ajoute à tous les autres résultats nous plaçant toujours au devant de la scène. Nous vivons pour et par votre gloire !!!


A. J.

Friday, September 08, 2006

Enemigos - Inégalités

Enemigos. Confessions d’un homme clé du FMI. – Ernesto Tenembaum

Lorsqu’un journaliste aux idées progressistes et un ancien haut respondable du Fonds monétaire international (FMI) se rencontrent, les sujets de discussions sont nombreux. Mais lorsque les deux sont argentins, l’échange porte rapidement sur la crise économique vécue par leur pays à la fin des années 1990. Cet ouvrage épistolaire d’un genre nouveau est le résultat de plusieurs mois de conversation par courrier électronique entre les deux hommes. Sans jamais renoncer à ses convictions, l’ancien fonctionnaire international défend son action et celle de l’institution pour laquelle il a travaillé plus de trente ans, tout en admettant parfois certaines limites du FMI. Ce livre qui « veut ôter à l’économie sa dimension religieuse acquise au cours des années 1990 » nous fait découvrir, de l’intérieur, le monde si mystérieux du FMI.

Présentation du livre par Antoine Lombard (Le Monde Diplomatique, Septembre 2006, p.27)


TENEMBAUM, Ernesto, Enemigos. Confessions d’un homme clé du FMI, Ed. Danger public, Paris, 2006, 271 pages, 14,5 euros


Le défi des inégalités. Amérique latine / Asie : une comparaison économique. – Pierre Salama

Comment analyser les économies dites « émergentes » ? Quels sont les liens entre croissance et réduction des inégalités ? Que nous apprennent les formes de développement des grands pays d’Asie –la Chin en tête- et celles d’Amérique Latine, à commencer par le Brésil et l’Argentine ? Peut-on déterminer les raisons d’une accumulation différente entre ces pays ? Ces questions sont au centre de laproblématique de l’auteur, qui voudrait relancer le débat sur les conditions pour sortir du sous-développement et lutter contre les inégalités. Si la pauvreté a reculé en Chine, les inégalités ont très fortement progressé, sans que les conséquences soient les mêmespour les pays latino-américains. Contrairement à la vulgate libérale, Pierre Salama se réfère à la fois à la forme de l’Etat et à ses modalités d’intervention déterminant la structure de l’« ouverture » de ces économies.

Présentation du livre par Nicolas Béniès (Le Monde Diplomatiqe, Septembre 2006, p.27)


SALAMA, Pierre, Le défi des inégalités. Amérique latine / Asie : une comparaison économique, Ed. La découverte, Coll. « Textes à l’appui », Paris, 2006, 168 pages, 17 euros.

Wednesday, September 06, 2006

Quelle alternative au discours de l’Occident civilisé contre « les pays arabes arriérés » ?

Quelle alternative au discours de l’Occident civilisé contre « les pays arabes arriérés » ?



Á l’heure où le conflit israélo-palestinien s’enlise de plus en plus profondément, il convient de s’interroger sur l’attitude occidentale et ses prises de position. Malgré les aides financières accordées aux Palestiniens, un certain nombre d’idées négatives circulent dans l’opinion occidentale à l’égard des Arabes. Notamment, il leur est souvent reproché de manque de civilisation et de rejeter la modernité.

Les propos de certains dirigeants sont éloquents à ce sujet. Dans un ouvrage récent, Shimon Peres, actuel vice-Premier ministre d’Israël et Prix Nobel de la paix, déclare : « Á mon sens, seul un virage du monde arabe vers la modernité pourra faire échec au fondamentalisme. De manière générale, une large partie du monde arabe est malade d’une idéologie anti-occidentale qui est en même temps anti-moderniste. Car la haine des Arabes à l’encontre d’Israël est en même temps une haine de la modernité. » (1)

Les Arabes sont globalement accusés de refuser la culture moderne, en raison de leurs idées rétrogrades ; c’est pour ce motif qu’ils s’en prennent à Israël, îlot occidental au cœur du monde arabe. On se rappelle également les propos tenus par Bush le 21 décembre 2001 : « La grande division de notre temps, c’est ce qui sépare la civilisation de la barbarie. »

Enfin, lorsqu’il était président du Conseil italien, Silvio Berlusconi a affirmé la supériorité de la civilisation occidentale, incarnant « un système de valeurs qui a apporté à tous les pays qui l’ont adopté une large prospérité qui garantit le respect des droits de l’homme et des libertés religieuses (…) (et va) conquérir de nouveaux peuples (…) (comme cela) s’était produit avec le monde communiste et une partie du monde islamique, mais que, malheureusement, une partie de ce dernier est restée mille quatre cents ans en arrière. » (26 septembre 2001)

Pour ces chefs d’Etat, la supériorité de l’Occident ne fait aucun doute. Dans ce discours apparaît clairement une opposition entre « nous les Occidentaux » et « les Autres », qui implique un rejet de l’Autre, de ses valeurs. L’Occident est le porte-drapeau de la modernité, du changement et du progrès, face à un monde arabe (et donc palestinien) présenté comme immuable et fataliste.

Notre recherche en histoire porte sur la perception des Arabes dans les récits de voyageurs européens francophones en Palestine de 1799 à 1948. Cette étude n’en est qu’à ses débuts mais nous permet déjà de faire certaines observations sur la modernité. Au Moyen Âge, malgré l’idéologie des croisades décriant l’islam, certains auteurs font preuve d’ouverture à l’Autre, exaltant la grandeur des Arabes et décrivant leur mode de vie avec émerveillement. (2)

Au 19ème siècle et au début du 20ème siècle, il n’en va plus de même pour les voyageurs se rendant en Palestine. Malgré la possibilité de côtoyer des autochtones, ces Occidentaux arrivent avec leurs idées reçues et les défendent à tout prix. A l’époque se crée un discours qui est encore actuel. Quelques exemples : le reporter français Edouard Hesley (L’an dernier à Jérusalem, 1929) rapporte les paroles d’un Bédouin (Arabe nomade) de Palestine : « Nous y vivons à notre gré, selon une civilisation dont peut-être vous ne voudriez pas, mais que nous préférons à la vôtre. (…) Nous « éduquer » ? Grand merci ! Nous nous trouvons fort bien de notre état. C’était celui de nos parents. Pourquoi ne serait-il pas le nôtre ? Vous nous apportez le progrès ? Vous pouvez le garder pour vous. »

Le romancier Roland Dorgelès émet quant à lui le souhait de poser un panneau indiquant « Ici commence la civilisation » sur un trottoir séparant la ville de Jaffa de la nouvelle cité sioniste de Tel Aviv, symbole de la modernité occidentale (1928). Pour le journaliste Gabriel Charmes, dans Voyage en Palestine (1880), « Peu de contrées, en effet, possèdent autant de sources, autant de ruisseaux, que le pays de Génézareth ; seulement on laisse les eaux croupir dans des marais, se perdre sous terre ou s’écouler rapidemet dans le lac, au lieu de les diriger et de s’en servir pour arroser les plaines qu’elles enrichiraient (…) Si les moissons manquent, c’est parce qu’on ne sait pas semer. » Selon lui, la Palestine souffre de l’incompétence des paysans arabes, qui cultivent comme au Moyen Âge.

Pour expliquer la pensée pro-occidentale de ces auteurs, il faut se rappeler l’importance du nationalisme européen, conforté pat l’esprit colonialiste de l’époque. Si les Arabes sont paresseux, sans éducation et sans progrès, alors ils sont incapables de se gouverner seuls et leur terre est donc ouverte à la colonisation européenne offrant LA civilisation et la modernité. Á partir de l’entre-deux-guerres, le discours des voyageurs change : puisque la colonisation française s’avère impossible, alors ce sont les sionistes venus d’Occident qui prennent le relais. Partout où ils s’établissent, ils apportent l’esprit démocratique faisant défaut à la Palestine et de manière plus générale le progrès européen.

Aujourd’hui, on peut se demander si l’idéologie colonialiste ne fait pas son grand retour en faveur d’Israël. Après l’échec du mandat anglais, c’est Israël qui apporte à cette terre les bienfaits de la civilisation occidentale, justifiant sa prise de possession. Israël incarne les valeurs modernes telles que la démocratie, l’égalité homme-femme, la liberté, que les Arabes semblent refuser. Comme les Palestiniens ont eu jadis besoin de l’Europe, maintenant ils ont besoin d’Israël. Ces idées contemporaines ne datent pas d’hier et semblent indéracinables malgré notre meilleure connaissance du monde arabe.

Est-ce donc finalement l’Orient qui reste immuable ou plutôt notre pensée ?


(1) B. Boutros Ghali et S. Peres , 60 ans de conflit israélo-arabe. Témoignages pour l’Histoire. Entretiens croisés avec André Versaille, Bruxelles, p.381.

(2) D. Regnier-Bohler (sous la direction de), Croisades et pèlerinages, Paris, 1997, p.39


Valérie Géonet,
Chercheur FSR,
Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix, à Namur.

Source :

GÉONET, Jean, « Quelle alternative au discours de l’Occident civilisé contre « les pays arabes arriérés » ? », Le Soir, Forum, Bruxelles, 5 septembre 2006, p.16

Tuesday, September 05, 2006

Le temps des erreurs

« Mes soirées maudites commencent quand s'achèvent celles des nantis. Je passe mes nuits à errer dans les rues. »

Mohamed Choukri, in « Le temps des erreurs. »


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