Wednesday, January 23, 2008

La douce revanche de Fouhami

La douce revanche de Fouhami


Le 14 février 2004. Au terme d’un parcours sans faute et héroïque, l’équipe nationale marocaine parvenait, après des sorties ratées lors des précédents éditions, à se hisser en finale de la Coupe d’Afrique des nations. La performance est inédite, car le Maroc atteint ce stade de la compétition pour la deuxième fois seulement en 11 participations. Le pays entier est en liesse, le temps semble s’arrêter, et tous les engagements suspendus. Un peuple entier mène le même train de vie, rythmé par les performances de l’équipe menée alors par Baddou Zaki.

Malgré la défaite en finale, un accueil chaleureux sera réservé aux lions de l’Atlas à leur retour. Tous les joueurs ayant participé à cette épopée sont adulés. Tous sauf un. Il porte pour nom Khalid Fouhami. Gardien de but et dernier rempart de l’équipe. Irréprochable tout au long de la compétition, il n’a commis qu’une seule erreur, celle, fatale, qui offrira le sacre au pays organisateur, la Tunisie.

Amnésie des uns, injustice des autres, mais surtout une mémoire courte chez les uns et chez les autres : Fouhami est un parfait bouc-émissaire pour justifier ou expliquer un échec, une défaite. On oubliera tous facilement son arrêt décisif et presque miraculeux sur un tir de Malek Cherrad en quart de finale face à l’Algérie, alors que le Maroc était déjà mené 1-0. Sans cette splendide détente, le match aurait été plié. Á 2-0 vers la 88èmeminute, c’était le K.O. L’homme reste dans l’ombre et accepte ce jugement trop hâtif et subjectif. En bon professionnel, il préfère l’autocritique. Pourtant, il a été irréprochable tout au long de la compétition. Et avec ses années de professionnalisme, il demeure le gardien le plus sûr de ces dernières années. Non, il n’est pas parfait. Il a ses atouts comme ses points de faiblesse. Et il se situe surtout un cran au-dessus de tous les gardiens testés en équipe nationale lors de ces dernières années. Son principal pêché est de ne pas ressembler à son entraîneur en équipe nationale en 2004, Baddou Zaki, dans un pays qui rêve chaque jour de trouver un digne successeur à ce grand gardien, légendaire certes, mais idéalisé également, comme toutes les grandes figures du football international.

Sacrifié sur l’autel de la vox populi, désigné personne non grata par la sagesse populaire, Fouhami se retire sans faire de bruit ni créer de remous. Il prendra le temps nécessaire pour réfléchir à la suite à donner à sa carrière, et tâchera surtout de panser sa blessure. Il digérera l’ingratitude des supporters et acceptera l’injustice du sport auquel il a dévoué toute sa vie, tout en continuant à croire en son potentiel.

Lorsque le Raja, en pleine crise de gardiens après le départ impromptu de Chadli vers le MAT, frappe à sa porte, il accepte de rejoindre les aigles verts et de rentrer au bercail. Souvent décisif au cours de la saison dernière où le Raja a été en déca de son niveau, il a représenté, tout au long d’une saison très difficile et parfois même cauchemardesque avec les verts, l’un des rares points de lumière et l’une des extraordinaires satisfactions, signant ainsi son retour en force sur la scène nationale, et se présentant davantage comme un sérieux candidat sélectionnable en équipe nationale.

Et pourtant, en ce début de saison 2007/2008, la tâche de Fouhami se complique. Arrivé cet été en provenance du MAS, Mohamed Amine Bourkadi, demi-finaliste de la Coupe du monde junior avec l’équipe nationale marocaine en 2005, est le gardien le plus doué de sa génération. Les observateurs voient en lui le futur gardien de l’équipe nationale. Les plumes de circonstances et les analystes occasionnels ont trouvé en lui leur « nouveau Zaki ». Relégué sur le banc de touche en début de saison, Fouhami, en bon professionnel, a patienté et attendu sa chance. Du haut de ses années d’expérience, Khalid a surtout appris que le travail acharné et la rigueur finissaient par payer. Attitude digne d’un homme expérimenté, face à une situation qui aurait provoqué l’agacement des jeunes éléments. Ils tiennent là en Fouhami, avec son sérieux et son sens du professionnalisme, un véritable exemple à méditer.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Cet adage, Khalid Fouhami l’a assimilé et en a fait une éthique et une ligne de conduite. Et il en a été récompensé, le plus naturellement du monde. Rappelé par Henri Michel en vue de disputer la Coupe d’Afrique des nations, Fouhami a retrouvé les cages de l’équipe nationale qu’il n’avait plus gardées depuis ce faux-pas en Tunisie dont on lui a attribué, à lui seul et injustement, l’entière responsabilité.

Titulaire au cours de la première rencontre de poule face à la Namibie, Fouhami retrouve une place qu’il mérite et prend ainsi, au terme de quatre années de persévérance et d’opiniâtreté, une très douce revanche.

Bravo Khalid !

Jaafar AMARI

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