Le savoir
« Et le Savoir, monsieur, s’il est transmis avec amour, peut faire des miracles ».
Mohamed El Baroudi
« Et le Savoir, monsieur, s’il est transmis avec amour, peut faire des miracles ».
Mohamed El Baroudi
ـ"إن في الإنسان منطقة عجيبة سحيقة، لا تصل إليها الفضيلة و لا الرذيلة، و لا تشع فيها شمس العقل و الإرادة، و لا ينطق لسان المنطق و لا تطاع القوانين و الأو ضاع ،ولا تتداول فيها لغة أو تستخدم كلمة.. إنما هي مملكة نائية عن عالم الألفاظ و المعاني.. كل ما فيها شفاف هفاف يأتي بالأعاجيب في طرفة عين.. يكفي أن ترن في أرجائها نبرة ، أو تبرق لمحة، أو ينشر شذا عطر، حتى يتصاعد من أعماقها في لحظة من الاحساسات و الصور و الذكريات ما يهز نفوسنا على أشياء لا قبل لنا بوصفها و لا بتجسيدها، و لو لجأنا إلى أدق العبارات و أبلغ اللغات"ـ
توفيق الحكيم، "الرباط المُقدّس"، ص. 172
Ghadir court pour
Les pieds dans les starting- blocks ; les yeux, grands et noirs, fixés sur l'horizon. Un regard dur, concentré. Invitée au meeting de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), mardi 19 juin, avec trois autres athlètes de Jéricho (la ville est jumelée avec Bonneuil), Ghadir Ghroof-Gharid sera la seule Palestinienne à représenter son pays sur les pistes d'athlétisme chinoises, lors des Jeux olympiques de Pékin, en 2008.
Handicapée à la naissance par une contorsion des chevilles non soignée, elle marchait, selon ses mots, "comme Charlie Chaplin" et courait "comme une grenouille". A l'âge de dix ans, ses parents demandent à Youssef Hamadneh, un entraîneur possédant des connaissances en rééducation, de la soigner. Il la prend sous son aile pendant un an et corrige l'axe de ses jambes. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais Ghadir Ghroof-Gharid, mise au contact des athlètes, se laisse séduire et veut courir.
Youssef Hamadneh la prévient : "C'est six jours sur sept, deux heures et demie par jour." "Je viendrai deux fois par jour s'il le faut", réplique l'adolescente. Elle participe à une épreuve de sélection, contre des enfants de 8 ans, sur
Petit à petit, sa physiologie en pleine croissance dessine un profil de sprinteuse. Championne de Palestine dans sa catégorie d'âge sur
Sortie du terrain d'entraînement, le masque de l'effort laisse place à sa joie naturelle, le rire toujours au bord des lèvres. Ghadir, qui veut dire "chant du rossignol" en arabe, se dit être encore une "enfant", malgré la violence qui règne dans son pays. "Elle a un mérite fou", rajoute son entraîneur. Sa famille, explique-t-il, fait partie d'une population "laissée pour compte" à Jéricho, en Cisjordanie. Issue d'une immigration africaine très lointaine, la jeune fille à la peau noire n'a pas vécu dans un milieu culturel favorable. Au lendemain de ses premières victoires, "les gens avaient la tête haute en parlant de moi", se rappelle dans un sourire la jeune fille.
A Jéricho, elle a pu bénéficier de conditions plus clémentes pour son développement que dans d'autres villes de Palestine. Même si les moyens sont rudimentaires (elle s'entraîne sur une piste en terre battue), elle fut à 16 ans la plus jeune compétitrice à participer aux championnats du monde indoor à Moscou en 2006. Elle a disputé alors le
Son entraîneur, bénévole depuis huit ans, regrette de ne pouvoir lui donner plus. "Le sport ne compte pas dans notre pays, dit-il. A Gaza, le Hamas a déjà détruit toutes les infrastructures, et en Cisjordanie aucune de mes demandes de subventions n'aboutit. Il faut qu'elle parte ailleurs s'entraîner dans de meilleures conditions. Je lance un appel."
أنا من أكون ؟
الريحُ تسألُ مَنْ أنا
أنا روحُهَا الحيرانُ أنكرني الزمانْ
أنا مثلها في لا مكان
نبقى نسيرُ ولا انتهاءْ
نبقى نمرُّ ولا بقاءْ
فإذا بلغنا المُنْحَنَى
خلناهُ خاتمةَ الشقاءْ
الشاعرة العراقية نازك الملائكة التي توفيت يوم الأربعاء
إنا لله وإنا إليه راجعون
État de non droit
Arrestations arbitraires, torture à grande échelle, procès inéquitables et transferts illégaux de détenus : si l’on en croit un nouveau rapport publié le 11 avril par l’ONG Amnesty International sur les droits de l’homme en Égypte, la situation est alarmante.
Le document de 53 pages s’ouvre sur un cas devenu emblématique des atteintes aux droits humains au pays des Pharaons : celui d’Emad al-Kébir, un jeune chauffeur de minibus sauvagement torturé dans un commissariat du Caire, en janvier 2006. Son crime ? Avoir protesté contre les mauvais traitements infligés par la police à l’un des membres de sa famille… Déshabillé puis ligoté, il a été violé à l’aide d’un bâton, sous les injures de ses bourreaux.
Filmée par le téléphone portable de l’un des policiers présents au macabre interrogatoire, la scène s’est retrouvée sur Internet en novembre 2006. Scandalisé, le journal Al-Fagr (« L’Aube ») décide alors de mener l’enquête et finit par identifier deux des tortionnaires : les officiers Islam Nabih et Rédha Fathi. Emad al-Kébir avait longuement hésité avant d’accepter de collaborer avec les journalistes. À raison, puisque l’investigation du quotidien ne s’est pas seulement soldée par le jugement des tortionnaires, elle a aussi débouché sur la condamnation de la victime à trois mois de prison ferme. Motif : avoir « fait obstacle aux autorités ».
Reste qu’Emad al-Kébir peut se féliciter d’avoir survécu. Souleiman Youssef Ahmed, Mohamed Ahmed ou Achraf Said Youssef ont, en effet, eu moins de chance que lui : en 2005, tous trois ont rendu l’âme sous la torture policière. Une pratique qui se généraliserait dans tous les commissariats égyptiens, selon Amnesty International, qui pointe notamment du doigt les services de renseignements de la sûreté de l’État (SSI). En 2004, l’Organisation égyptienne pour les droits de l’homme recensait ainsi vingt-deux décès en garde à vue à la suite d’actes de torture et plus de soixante-dix cas de suppliciés.
Mais le plus inquiétant est peut-être qu’il ne s’agit pas des seuls griefs adressés par Amnesty au régime de Hosni Moubarak. L’ONG s’indigne aussi du maintien en détention administrative de quelque 18 000 Égyptiens « sans la moindre raison juridique » et de la multiplication des arrestations arbitraires qui touchent femmes, enfants et vieillards sans distinction, dès lors qu’ils sont suspectés de fréquenter des djihadistes potentiels. « Des milliers d’Égyptiens ont été arrêtés au nom de la sécurité ; certains sont détenus depuis des années sans avoir été inculpés ni jugés, souvent malgré des décisions de justice ordonnant leur remise en liberté ; d’autres ont été condamnés à l’issue de procès inéquitables », déclare Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Le rapport mentionne notamment des rafles organisées au lendemain des attentats de Taba et de Dahab, en 2004 et 2006. Les autorités ne reculeraient devant aucun sacrifice : pour obtenir la reddition d’un individu recherché, les services de sécurité n’hésiteraient pas à prendre sa famille en otage…
Des moyens auxquels ils peuvent avoir recours grâce à la loi d’urgence, entrée en vigueur en 1981. Très discutée mais jamais abolie - au contraire : le 26 mars dernier, Moubarak a fait adopter par référendum des modifications constitutionnelles qui en reprennent les principales dispositions -, elle octroie à la police et à la justice une grande liberté d’action. C’est elle, notamment, qui permet d’invoquer la sécurité de l’État et de renvoyer nombre d’affaires devant des tribunaux militaires ou d’exception. Souvent expéditifs, ils n’hésitent pas à prononcer les peines les plus lourdes : depuis 1992, 137 personnes ont été condamnées à mort et 67 exécutées.
Le contexte n’a pas échappé à certains pays occidentaux, tels les États-Unis et
أيها الماضي! لا تغيِّرنا... كلما ابتعدنا عنك! أيها المستقبل: لا تسألنا: مَنْ أنتم؟ وماذا تريدون مني؟ فنحن أيضاً لا نعرف. أَيها الحاضر! تحمَّلنا قليلاً، فلسنا سوى عابري سبيل ثقلاء الظِّل !
(...)
أعجبنا حزيران في ذكراه الأربعين إن لم نجد مَنْ يهزمنا ثانيةً هزمنا أنفسنا بأيدينا لئلا ننسى !
محمود درويش
Amer, désabusé, Alvaro de Soto dresse, dans un rapport de fin de mission rédigé après deux années comme envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient et destiné à rester confidentiel, un constat accablant sur le conflit israélo-palestinien. Sévère, il dresse aussi le réquisitoire d'un échec diplomatique cinglant et, tout en n'épargnant ni l'Europe ni l'ONU, pointe la lourde responsabilité de l'administration Bush, qui a soutenu une politique israélienne menant à une impasse. Une politique qui a souhaité, voire encouragé, les violences interpalestiniennes qui aboutissent aujourd'hui à la violente offensive des islamistes du Hamas pour prendre le contrôle de la bande de Gaza.
Que dit crûment Alvaro de Soto ? Que ce chaos et cette violence sont, outre le résultat d'un règne sans partage du Fatah dominé par la corruption, le produit de l'aveuglement qui a saisi l'Occident après la victoire électorale du Hamas. Il accuse les Etats-Unis, plus que jamais alignés sur Israël, d'avoir été résolument hostiles aux "ambiguïtés constructives", seules susceptibles de convertir les islamistes au réalisme politique, et d'avoir "poussé à une confrontation entre le Hamas et le Fatah". Au détour de son récit, l'émissaire des Nations unies rapporte la satisfaction d'un haut diplomate américain devant les affrontements fratricides. "J'aime cette violence", se ravissait-il, convaincu d'y voir le début de la fin du Hamas.
Cette obstination américaine a précipité l'échec du gouvernement d'union nationale palestinien et ruiné l'offre de paix globale de la diplomatie saoudienne, qui prévoit une normalisation totale des pays arabes avec Israël en échange de la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967. M. de Soto estime dorénavant de plus en plus difficile, voire "impossible", la création d'un Etat palestinien. Il dénonce"la prison à ciel ouvert" qu'est devenue la bande de Gaza.
L'émissaire de l'ONU s'indigne de la politique des "faits accomplis" d'Israël, reprochant à l'ONU d'avoir traité l'Etat juif "avec une extrême considération, presque de la tendresse". "Je ne crois honnêtement pas, écrit-il, que l'ONU rende service à Israël en ne parlant pas franchement de ses manquements dans le processus de paix. Nous ne sommes pas un ami d'Israël si nous permettons à ce pays de s'autosatisfaire que les Palestiniens soient les seuls à blâmer." M. de Soto appelle les diplomates internationaux à mettre fin à une situation qu'il estime être de l'"autocensure" vis-à-vis d'Israël.
Le 24 juin 2002, George Bush exposait dans un discours sa "vision" de la Palestine. Cinq ans après, presque jour pour jour, les Palestiniens paient au prix fort, à Gaza et dans les autres territoires d'une Palestine déchirée, la politique d'Israël, des Etats-Unis et de la diplomatie internationale.
Israel 2007: worse than apartheid
Ronnie Kasrils
It is chilling to pass through the myriad checkpoints -- more than 500 in the West Bank. They are controlled by heavily armed soldiers, youthful but grim, tensely watching every movement, fingers on the trigger. Fortunately for me, travelling in a South African embassy vehicle with official documents and escort, the delays were brief.
Sweeping past the lines of Palestinians on foot or in taxis was like a view of the silent, depressed pass- office queues of South Africa’s past. A journey from one West Bank town to another that could take 20 minutes by car now takes seven hours for Palestinians, with manifold indignities at the hands of teenage soldiers.
My friend, peace activist Terry Boullata, has virtually given up her teaching job. The monstrous apartheid wall cuts off her East Jerusalem house from her school, which was once across the road, and now takes an hour’s journey. Yet she is better off than the farmers of Qalqilya, whose once prosperous agricultural town is totally surrounded by the wall and economically wasted. There is only one gated entry point. The key is with the occupation soldiers. Often they are not even there to let anyone in or out.
Bethlehem too is totally enclosed by the wall, with two gated entry points. The Israelis have added insult to injury by plastering the entrances with giant scenic posters welcoming tourists to Christ’s birthplace.
The “security barrier”, as the Israeli’s term it, is designed to crush the human spirit as much as to enclose the Palestinians in ghettoes. Like a reptile, it transforms its shape and cuts across agricultural lands as a steel-and-wire barrier, with watchtowers, ditches, patrol roads and alarm systems. It will be 700km long and, at a height of 8m to 9m in places, dwarfs the Berlin Wall.
The purpose of the barrier becomes clearest in open country. Its route cuts huge swathes into the West Bank to incorporate into Israel the illegal Jewish settlements -- some of which are huge towns -- and annexes more and more Palestinian territory.
The Israelis claim the purpose of the wall is purely to keep out terrorists. If that were the case, the Palestinians argue, why has it not been built along the 1967 Green Line border? One can only agree with the observation of Minister in the Presidency Essop Pahad, who has stated: “It has become abundantly clear that the wall and checkpoints are principally aimed at advancing the safety, convenience and comfort of settlers.”
The West Bank, once 22% of historic Palestine, has shrunk to perhaps 10% to 12% of living space for its inhabitants, and is split into several fragments, including the fertile Jordan Valley, which is a security preserve for Jewish settlers and the Israeli Defence Force. Like the Gaza Strip, the West Bank is effectively a hermetically sealed prison. It is shocking to discover that certain roads are barred to Palestinians and reserved for Jewish settlers. I try in vain to recall anything quite as obscene in apartheid South Africa.
Gaza provides a desolate landscape of poverty, grime and bombed-out structures. Incon- gruously, we are able to host South Africa’s Freedom Day reception in a restaurant overlooking the splendid harbour and beach. Gunfire rattles up and down the street, briefly interrupting our proceedings, as some militia or other celebrates news of the recovery from hospital of a wounded comrade. Idle fishing boats bob in long lines in the harbour, for times are bad. They are confined by Israel to 3km of the coast and fishing is consequently unproductive. Yet, somehow, the guests are provided with a good feast in best Palestinian tradition.
We are leaving through Tel Aviv airport and the Israeli official catches my accent. “Are you South African?’ he asks in an unmistakable Gauteng accent. The young man left Benoni as a child in 1985. “How’s Israel?” I ask. “This is a f**ked-up place,” he laughs, “I’m leaving for Australia soon.”
“Down under?” I think. I’ve just been, like Alice, down under into a surreal world that is infinitely worse than apartheid. Within a few hours I am in Northern Ireland, a guest at the swearing in of the Stormont power-sharing government of Ian Paisley and Martin McGuinness.
Not even PW Botha or Ariel Sharon were once as extreme as Ian Paisley in his most riotous and bigoted days. Ireland was under England’s boot for 800 years, South Africa’s colonial-apartheid order lasted 350 years. The Zionist colonial-settler project stems from the 1880s. The Israeli ruling class, corrupt and with no vision, can no longer rule in the old way. The Palestinians are not prepared to be suppressed any longer. What is needed is Palestinian unity behind their democratically elected national government, reinforced by popular struggles of Palestinians and progressive Israelis, supported by international solidarity.
South Africa’s stated position is clear. The immediate demands are recognition of the government of national unity, the lifting of economic sanctions and blockade of the Palestinian territories, an end to the 40-year-old military occupation and resumption of negotiations for a two-state solution.
On a final note, the invitation to Prime Minister Ismail Haniyeh as head of a national unity government was welcomed by President Mahmoud Abbas, and will be dealt with by our government.
As they say in Arabic: “Insha ’Allah [God-willing].”
Ronnie Kasrils is the South African Minister of Intelligence
PAROLE DE PARIA
Je suis la voix des intouchables
Et sans prier dans le désert
Je suis la voie ultime des hères
Aux verbes acerbes irréprochables
Minerve assagit ma verve
Ma muse m'amuse et point n'est serve
Je suis la voix des intouchables
Peiné mais pas battu ni las
Je suis la voie ultime des hères
Leur semant la vie de lilas
Et apaisant d'inouïes misères
Mes vocables sont irrévocables.
Farid Mohamed Zalhoud, in « Parole de Paria » (son premier recueil poétique).
Farid Mohamed Zalhoud est en outre « poète, peintre, sculpteur et enseignant de français au collège Atlas de Tafraout au sud du Maroc », l’exemple-type de l’anonyme qui écrit l’histoire…
Dans le cadre de la campagne « 40 ans d’occupation de la ville d’al-Quds : illuminons les flambeaux de sa résistance », nous voulons éclairer cet aspect important de l’occupation sioniste de la Palestine : l’occupation et la colonisation de la Palestine, dès les premières décennies du XXème siècle, ne furent qu’une destruction systématique de tout trait civilisationnel arabo-musulman en Palestine.
La majestueuse ville d’al-Quds témoigne de cette histoire millénaire où les différentes dynasties musulmanes se sont succédées pour la parer des joyaux les plus beaux de la civilisation musulmane, et notamment de bibliothèques publiques, d’écoles, d’hôpitaux, pour ne citer que des réalisations qui étaient à l’époque rares dans les capitales européennes.
L’invasion barbare sioniste de la Palestine, en s’alliant avec les puissances coloniales européennes, fut un acte de vengeance civilisationnel. Comme en Algérie, où toute une appartenance civilisationnelle a été remise en cause par le colonialisme français, l’invasion sioniste de la Palestine veut effacer toutes traces civilisationnelles du peuple arabe palestinien.
Ci-jointe une étude qui se limite aux entraves et aux destructions des lieux culturels récents de la ville d’al-Quds.
La campagne de destruction sioniste n’a cessé de déverser sa colère contre chaque caractère islamique de la ville sainte d’al-Quds : parfois, c’est la destruction de maisons, d’autres fois, c’est la destruction d’un lieu historique, et parfois encore, c’est la falsification de l’histoire sans compter tous les actes quotidiens qui visent notre patrimoine culturel palestinien.
Ces quelques lignes sont un survol rapide des agressions sionistes contre notre patrimoine qui résiste encore jusqu’à présent. La considération immense dont a joui la ville sainte d’al-Quds pour de nombreux peuples en a fait un lieu de rencontres et de passages. Des étudiants, des ulémas, des rois et des princes, des pèlerins et des marchands se dirigeaient vers la ville sainte, pour s’y installer provisoirement ou pour toujours, faisant de la ville le haut lieu incontestable de la Palestine, avec ses écoles, ses bibliothèques et ses cercles d’études.
Avant la colonisation sioniste de la partie orientale de la ville, plus de 60 bibliothèques publiques contenant des ouvrages les plus divers et des œuvres rares, existaient dans la ville d’al-Quds. Parmi ces bibliothèques publiques, citons : la bibliothèque de la mosquée al-Aqsa, la bibliothèque Khalidiya, bibliothèque du tribunal, Dar al-Kutub al-Fakhriya, la bibliothèque Khaliliya, bibliothèque de l’école Salahiya, bibliothèque de l’institut arabe, bibliothèque de la zawiya Bukhariya, bibliothèque de l’école al-Ashrafiya al-Sultâniya, Bibliothèque al-Budayrî, bibloithèque de l’école Aminiya, etc...
Avant l’invasion sioniste en 1967, les bibliothèques d’al-Quds renfermaient plus de 100.000 ouvrages et plus d’un demi million de documents et registres historiques. Depuis cette date, la ville subit un viol et un vol caractérisés pour effacer ce patrimoine et judaïser cette partie de la ville.
Le professeur Ishâq Budayri a résumé l’ensemble des agressions sionistes dans le domaine des livres et des bibliothèques (Etude présentée au onzième congrès de l’union arabe pour les bibliothèques et documentation, Le Caire, 2000) :
1 - Confiscation de la bibliothèque publique municipale avec tout son contenu qui a été placé dans « la municipalité unifiée de Jérusalem », tout en supprimant de nombreux livres et revues, jugeant qu’ils sont interdits, et qui ont disparus depuis. Les autorités de l’occupation ont défini les critères des ouvrages (livres et revues) pouvant entrer dans cette bibliothèque israélienne.
2 - Les autorités de l’occupation ont interdit l’importation de nombreux livres, ainsi que leur circulation ou leur vente dans les librairies de la ville d’al-Quds ; non seulement les livres politiques furent interdits, mais tous ceux qui traitent de la question palestinienne et de l’histoire du pays, les relations de voyages, la littérature et notamment la poésie.
3 - Les autorités de l’occupation ont imposé une censure draconienne sur les publications arabes et leur diffusion dans la partie orientale d’al-Quds. Des ordres militaires obligent de faire passer toute publication devant l’administration de la censure israélienne afin qu’elle soit autorisée ou non. Ce qui a lourdement contribué à la baisse de la publication dans la ville.
4 - Les bibliothèques de la partie orientale de la ville sont interdites de posséder des ouvrages qui circulent dans la partie occidentale de la ville (occupée en 48, qu’Israël considère comme faisant partie de l’Etat d’Israël), exemple : les ouvrages publiés par l’institut des études palestiniennes et le centre palestinien de recherches se retrouvent dans les bibliothèques des universités israéliennes mais sont interdits dans les bibliothèques de la partie orientale d’al-Quds (occupée en 67).
5 - Les autorités de l’occupation ont fermé plusieurs institutions culturelles dans la ville d’al-Quds, la société des études arabes fut fermée pendant quatre ans, et plusieurs de ses ouvrages et documents furent confisqués, ce qui représente un préjudice incalculable pour cette institution qui a ainsi perdu toutes ses archives, de même que le bureau de l’union des écrivains et d’autres institutions furent fermés.
6 - L’imposition d’une censure draconienne sur les journaux et les revues publiés dans la ville d’al-Quds prétextant la sécurité de l’Etat. Les autorités de l’occupation ont obligé l’ensemble des revues et journaux d’envoyer tous les articles au censeur avant de pouvoir être publiés. Ces mesures de censure ont amené des journaux à paraître avec seulement la moitié de leurs articles.
7 - La confiscation des documents et des registres du tribunal légal de la ville d’al-Quds qui comprennent des documents et des renseignements extrêmement importants concernant les habitants de la ville ainsi que leur vie, depuis 1517.
8 - La politique des arrestations et de déportation, la mise en résidence surveillée, l’interdiction de voyager pour des dizaines d’écrivains et chercheurs et intellectuels de la ville d’al-Quds, notamment, a réduit considérablement l’impact de ces personnalités qui luttent pour la sauvegarde du patrimoine arabe de la ville.
9 - Le blocus imposé sur la ville, en interdisant à la population de la Cisjordanie et de la bande de Gaza de s’y rendre, a privé les enseignants, les chercheurs et les étudiants de mener leurs recherches dans les bibliothèques de la ville.
De son côté, le professeur Kâmil Al-‘Asali (les bibliothèques en Palestine, encyclopédie palestinienne) a dressé la liste des agressions israéliennes contre les livres et les bibliothèques de la ville d’al-Quds, dont voici quelques-unes :
1 - Plusieurs bibliothèques ont été partiellement ou entièrement détruites lors des opérations militaires, telles que celle de ‘Abdallah Mukhlis qu’il avait cachée dans Deir al-Qurbân, mais les troupes sionistes avaient fait exploser ce couvent, et la bibliothèque en entier fut ensevelie sus les décombres. On raconte que les sionistes l’avaient déjà pillée avant la destruction.
2 - L’incendie du dépôt de la société jordanienne de distribution de livres en 1983.
3 - La baisse du nombre des maisons d’éditions en Cisjordanie, de 23 à 4 dont trois se trouvent encore dans la ville d’al-Quds.
4 - Interdiction de construire de nouvelles bibliothèques dans la ville d’al-Quds.
Traduction : Centre d’Information sur la Résistance en Palestine
Palestiniens, le peuple de l’absurde,
Interview de Mahmoud Darwish, par Geraldina Colotti
["(...) de nombreux poèmes civils, enthousiastes et pleins de zèle, ne rendent pas service au Palestinien, parce qu’ils le réduisent à un slogan, ils le congèlent dans l’image que veut en donner l’ennemi, ils cachent son humanité la plus intime".
"On s’est écrasé dans trop de rigidités : qui exprime des divergences politiques peut être pris pour un traître. Qui n’est pas d’accord avec les pratiquants peut être le pire des mécréants. Qui n’est pas d’accord avec certains intellectuels, peut passer pour un adorateur de l’absurde".]
Il manifesto, mardi 29 mai 2007.
« Nous sommes entrés, nous Palestiniens, dans un phase absurde : l’absurdité des soldats qui, dans la bataille, se tuent entre eux. Une absurdité fatale. Les significations nous échappent, la route nous échappe, notre image même nous échappe ». C’est ainsi que Mahmoud Darwish revient parler de son peuple avec il manifesto.
Le cadre, post-moderne et dépaysant, est celui de l’Hôtel Santo Stefano à Turin, héritage des dernières olympiades, où Darwish arrive avec sa traductrice libanaise Chirine Haidar. Darwish est l’hôte de l’association Circolo dei Lettori (Cercle des lecteurs), il est venu présenter son dernier livre Oltre l’ultimo cielo. La Palestina come metafora (Au-delà du dernier ciel. La Palestine comme métaphore), traduit par Gaia Amaducci, Elisabetta Bartuli et Maria Nadotti (Epoché). Volume de réflexions (de 1996 à 2004), en forme de rencontres et dialogues avec plusieurs intellectuels arabes, qui récapitulent l’itinéraire culturel et politique du poète.
Dans un chapitre du livre, daté Ramallah 96, vous dites : « Notre présent ne se résout ni à commencer ni à finir ». Et aujourd’hui ? Où en est le présent des Palestiniens ?
Après une phase intermédiaire, en suspens entre le mouvement de libération nationale et la promesse d’un Etat qui ne s’est pas réalisée, nous sommes restés immobiles dans le camp des presque : nous avons presque une autorité, presque un ministère, presque une occupation... et en même temps nous n’avons rien. Les raisons de fond de ce qui est en train d’arriver aujourd’hui, sont sans aucun doute politiques : tout un peuple se trouve en prison et les gardiens de la prison, quand il y a une grande tension, regardent les prisonniers qui commencent à lutter entre eux et jouent avec leurs différences, avec leurs limites. A Gaza, on a faim, et quand l’homme armé a faim il devient mercenaire, reversant sur le peuple même des problèmes moraux. Mais il y a aussi quelque chose de profond et de non résolu, qui va au-delà des différences de lignes politiques internes, et pousse les frères à se battre entre eux au lieu de combattre l’occupation. Nous nous sommes rendu compte que les accords d’Oslo ont creusé un gouffre dans lequel nous sommes tombés, mais nous n’avons pas encore réalisé pleinement quelle est notre position actuelle, jusqu’à quel point la frustration provoquée par Israël, sourd à toutes nos tentatives, a agi en profondeur : Israël signe des accords mais ensuite ne les respecte pas. Il veut le mur de séparation, et le mur est construit, et pourtant la paix continue à rester lettre morte, même quand tous les pays arabes se mobilisent pour normaliser les relations.
Et pendant ce temps, l’image du palestinien a changé dans le monde : avant il était un partisan de la liberté, aujourd’hui les médias nord-américains et israéliens lui ont fait un habit de terroriste, un masque qu’on lui jette à la figure et dans lequel il doit se reconnaître. Le monde entier, par contre, a oublié le problème fondamental : un peuple vit sous occupation depuis 40 ans, qui ne demande rien d’extraordinaire, rien que 22 % de son territoire historique. Mais le monde s’ennuie de tout ça et ne se préoccupe pas de voir combien nous, êtres encerclés et assiégés, nous pouvons être à bout, combien des énergies frustrées et latentes depuis 12 années peuvent, mal, imploser. Le monde entier produit de la haine, mais ne veut pas accuser Israël de peur d’être accusé d’antisémitisme. Ainsi, Israël, au lieu d’un état qui opprime, devient une valeur éthique, au-delà de toute loi : un phénomène non plus historique mais divin. Et Pérès, qui passe pour un homme de paix, peut tranquillement dire que les colonies ne sont que des blocs résidentiels israéliens. Le langage politique a catégoriquement changé suivant la volonté israélienne, l’occupation est désormais un mot imprononçable et incompréhensible...
Au fil des années, vos vers ont été ceux du « poète voyant », capable d’anticiper les flammes de Beyrouth et le calvaire des réfugiés sans droit au retour. Pensez-vous que Beyrouth soit encore sur le point d’exploser ?
J’ai été à Beyrouth il y a un mois, j’ai participé à la Foire du livre arabe avec mes poèmes, mais je ne suis pas arrivé à reconnaître la ville. Oui, la mer était là, la montagne était là, les gens aussi, mais il m’a semblé lire dans leurs regards une sorte de scission entre la peur de voir réaliser leurs plus noires prévisions, et la volonté de ne plus vouloir ressembler à quelqu’un d’autre. Malheureusement, dans nos régions, les questions internes sont des points qui appartiennent à un agenda extérieur, nous n’avons même pas le droit d’écrire un ordre du jour. La situation régionale dépend de la situation internationale, personne n’est libre, personne n’est indépendant, les Palestiniens moins que jamais.
Le droit au retour est désormais un mot interdit dans le registre israélien, mais même dans celui de certains régimes arabes et dans le registre international parce que -dit-on- il représenterait un danger pour l’Etat d’Israël. En attendant les réfugiés sont de plus en plus nombreux et leur situation empire. Le droit au retour, par contre, semble être le droit exclusif de la diaspora israélienne, qui l’attend depuis 2.000 ans. A ceux qui n’ont été chassés que depuis 50-60 ans ne reste que le droit... d’émigrer. En attendant, chaque année, si je vais dans les camps ou que j’allume la télé, je vois toujours la même image : une femme palestinienne qui emporte ses enfants et ses affaires, qui s’échappe dans un camp de Rafah, de Gaza ou du Liban. Je la vois crier, lever les mains au ciel, mais le ciel ne répond pas. Cette femme autrefois était ma mère, elle a ensuite été ma soeur, et peut-être que maintenant c’est ma fille.
Vous avez exploré, vous, la limite, en fréquentant la mort, l’exode, la prison. Qu’est-ce qu’une telle expérience apporte au poète ?
La vraie poésie est un mélange chimique très particulier qui filtre l’expérience collective à travers l’expérience intime. La poésie requiert et offre des métaphores pour rendre la réalité plus supportable. Quand j’étais en prison, d’un point de vue poétique, je voyais mon bourreau comme un prisonnier, et je me sentais plus libre que lui parce que moi je n’étais privé que de liberté, mais pas de la capacité de reconnaître l’autre à l’intérieur de moi. Je n’ai pas changé d’avis. L’ennemi a de nombreux masques, nous avons des traits communs et, dans ces conditions humaines complexes, il peut arriver que les rôles s’échangent. Mais moi je ne veux pas habiter l’image que mon ennemi a choisie pour moi. Moi j’ai choisi le camp des perdants, je me sens comme un poète troyen, un de ceux à qui on a enlevé jusqu’au droit de transmettre sa propre défaite.
Mon rapport à la poésie s’est cependant modifié, au cours du temps. Certains Palestiniens qui vivent dans des conditions difficiles demandent au poète d’être le chroniqueur des événements tragiques qui se déroulent tous le jours en Palestine. Mais la langue poétique ne peut pas être celle d’un journal ou de la télévision, elle doit même rester en marge pour observer le monde, le filtrer à travers un détail. La poésie doit surprendre, étonner, parler d’un chat ou du désert avec les yeux d’un enfant qui en découvre la signification pour la première fois. Pour ces Palestiniens, j’aurais renoncé à mon code de résistance poétique. Pour moi, au contraire, ça a été une autre façon de développer le concept. Je hais l’occupation, mais je ne peux pas le répéter tous les jours en poème ; de nombreux poèmes civils, enthousiastes et pleins de zèle, ne rendent pas service au Palestinien, parce qu’ils le réduisent à un slogan, ils le congèlent dans l’image que veut en donner l’ennemi, ils cachent son humanité la plus intime. Je pense, au contraire, que la poésie, à sa façon, a inventé une globalisation enfin sans hégémonie, parce qu’il n’existe pas de centre et de périphérie de la poésie, il n’existe ni nord ni sud, il n’y a pas de superpuissances et de petits pays. La poésie comme la musique, explose partout, comme les champignons. La rencontre entre des langues et entre des mondes, apporte par contre à l’une et à l’autre quelque chose de différent, une certaine étrangeté qui nous attire. L’Europe a parlé d’elle-même pendant des siècles, maintenant elle semble exténuée et saturée. Elle cherche vers la poésie d’Europe de l’Est, elle cherche la littérature des pauvres pour se redonner un nouvel appétit, et les pauvres du monde sont en train de développer leurs propres littératures.
Vous avez été dirigeant de l’OLP, l’Organisation pour la Libération de la Palestine, et même après avoir choisi la poésie, vous avez continué à soutenir avec passion la cause de votre peuple. Pensez-vous parfois revenir en politique ?
Aucun citoyen palestinien ne peut dire qu’il a vraiment renoncé à la politique. Mais depuis longtemps, je n’ai plus, moi, de position officielle dans le contexte de la vie politique palestinienne. Pour moi la position officielle représentait un fardeau, une scission douloureuse. Je n’arrivais pas à faire dirigeant le jour et poète la nuit. La poésie doit pouvoir proclamer son propre désespoir, faire son chemin en dehors des schémas et des stéréotypes. Aujourd’hui, le panorama politique du monde arabe s’est transformé et appauvri, il n’existe plus de grands référents et paradigmes, il n’existe plus de véritable dialectique politique, un respect réel des opinions d’autrui, une écoute innocente de l’autre. On s’est écrasé dans trop de rigidités : qui exprime des divergences politiques peut être pris pour un traître. Qui n’est pas d’accord avec les pratiquants peut être le pire des mécréants. Qui n’est pas d’accord avec certains intellectuels, peut passer pour un adorateur de l’absurde. J’évite ainsi des débats inutiles, je me contente de parler de l’âme de mon peuple, de ses liens, de sa force et de ses raisons, et j’essaie de m’inventer l’espoir.
Propos recueillis par Geraldina Colotti
Source
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
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