Ghadir court pour la Palestine
Ghadir court pour
Les pieds dans les starting- blocks ; les yeux, grands et noirs, fixés sur l'horizon. Un regard dur, concentré. Invitée au meeting de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), mardi 19 juin, avec trois autres athlètes de Jéricho (la ville est jumelée avec Bonneuil), Ghadir Ghroof-Gharid sera la seule Palestinienne à représenter son pays sur les pistes d'athlétisme chinoises, lors des Jeux olympiques de Pékin, en 2008.
Handicapée à la naissance par une contorsion des chevilles non soignée, elle marchait, selon ses mots, "comme Charlie Chaplin" et courait "comme une grenouille". A l'âge de dix ans, ses parents demandent à Youssef Hamadneh, un entraîneur possédant des connaissances en rééducation, de la soigner. Il la prend sous son aile pendant un an et corrige l'axe de ses jambes. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais Ghadir Ghroof-Gharid, mise au contact des athlètes, se laisse séduire et veut courir.
Youssef Hamadneh la prévient : "C'est six jours sur sept, deux heures et demie par jour." "Je viendrai deux fois par jour s'il le faut", réplique l'adolescente. Elle participe à une épreuve de sélection, contre des enfants de 8 ans, sur
Petit à petit, sa physiologie en pleine croissance dessine un profil de sprinteuse. Championne de Palestine dans sa catégorie d'âge sur
Sortie du terrain d'entraînement, le masque de l'effort laisse place à sa joie naturelle, le rire toujours au bord des lèvres. Ghadir, qui veut dire "chant du rossignol" en arabe, se dit être encore une "enfant", malgré la violence qui règne dans son pays. "Elle a un mérite fou", rajoute son entraîneur. Sa famille, explique-t-il, fait partie d'une population "laissée pour compte" à Jéricho, en Cisjordanie. Issue d'une immigration africaine très lointaine, la jeune fille à la peau noire n'a pas vécu dans un milieu culturel favorable. Au lendemain de ses premières victoires, "les gens avaient la tête haute en parlant de moi", se rappelle dans un sourire la jeune fille.
A Jéricho, elle a pu bénéficier de conditions plus clémentes pour son développement que dans d'autres villes de Palestine. Même si les moyens sont rudimentaires (elle s'entraîne sur une piste en terre battue), elle fut à 16 ans la plus jeune compétitrice à participer aux championnats du monde indoor à Moscou en 2006. Elle a disputé alors le
Son entraîneur, bénévole depuis huit ans, regrette de ne pouvoir lui donner plus. "Le sport ne compte pas dans notre pays, dit-il. A Gaza, le Hamas a déjà détruit toutes les infrastructures, et en Cisjordanie aucune de mes demandes de subventions n'aboutit. Il faut qu'elle parte ailleurs s'entraîner dans de meilleures conditions. Je lance un appel."
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