Ode à Fès
« Je te regarde de la colline, de la terrasse de l’hôtel des Mérinides, d’où tu parais à la fois proche et lointaine, une ruche sans bourdonnements, alors qu’en moi les mots résonnent et dialoguent pour tisser tes pages dont la lecture me fait profondément vibrer. La machine à fabriquer les rêves s’est arrêtée. Elle est en panne d’inspiration depuis qu’elle a inventé ton image et celle des gens, au cœur de ton espace, dans tes ruelles enchevêtrées. Il n’y a plus de rêve après toi, même si je pressens, en un éclair, qu’il m’est possible d’improviser ce rêve, dans et à travers toi. Tous les personnages ont jailli de tes entrailles et ont vécu sous ton ciel. Mais d’autres vies, inédites, peuvent encore être inventées dans tes ruelles, tes maisons, tes marchés et tes mosquées. Tout le temps s’est égrené à travers ton éternité et il n’y a plus place pour la surprise et l’étonnement. Pourtant, tous ceux qui te pénètrent sont poussés par l’espoir d’y prolonger le temps-illusion. »
BERRADA, Mohammed, in « Le jeu de l’oubli, Éd. Eddif, Collection Rives Sud, Casablanca, 2006, p.143
0 Comments:
Post a Comment
<< Home