Tuesday, August 01, 2006

Belgique : développement et commerce équitable au cœur d’une foire agricole

Belgique : développement et commerce équitable au cœur d’une foire agricole


Le monde rural européen se réunit à Libramont (Sud-est) en Belgique du 28 au 31 juillet 2006, afin d’aborder de nombreuses questions comme le machinisme, l'élevage, la forêt, l'agroalimentaire, l'horticulture, la recherche, l'éducation et la culture, autant de défis à relever à l’ère de la mondialisation.

Remarquable vitrine du monde rural européen, la foire de Libramont, qui a accueilli 193.609 visiteurs dont 4.023 délégations internationales l’année dernière, a placé l’engagement des consommateurs au cœur de ses préoccupations en choisissant le thème « Achetons responsable ».

Cette gigantesque exposition, qui s’étend sur 800 km², s’intéresse également aux problèmes des agriculteurs dans les pays pauvres, qui font souvent face à une concurrence accrue et à une arrivée massive de produits importés et dont le coût est moins cher, en raison des généreuses subventions agricoles qui bénéficient aux complexes agro-alimentaires occidentaux.

L’agriculture continue en effet à occuper une place primordiale dans les pays du tiers-monde, en terme d’emplois créés et de revenus générés. Toutefois, les effets pervers de la mondialisation, conjugués aux conséquences néfastes des programmes d’ajustement structurel prônés par le FMI et souvent présentés comme la solution miracle contre la faim, la pauvreté et la misère, ces effets pervers ruinent quotidiennement les vies de plusieurs agriculteurs africains.

Pauvres et appauvris, vivant dans une précarité tant économique que sociale, les agriculteurs africains doivent aujourd’hui répondre à cette question existentielle : comment vivre de sa terre en ne disposant que d’outils agricoles simples, parfois vétustes ?

SOS FAIM : la coopération responsable

Partant du constat que les paysans du Sud, contrairement à leurs homologues du Nord, ne bénéficient pas de substantielles subventions agricoles, plusieurs ONG réagissent, tirent le signal d’alarme. Et pour cause : la libéralisation à outrance et les difficultés d’accès au financement mènent à des situations dramatiques partout en Afrique où les agriculteurs ne peuvent même plus assurer leur souveraineté alimentaire.

Oeuvrant dans un véritable esprit de partenariat, SOS FAIM agit tant au Nord, où elle essaye de sensibiliser l’opinion publique aux effets de la Politique agricole commune (PAC) européenne et des larges subventions américaines sur les populations et les agriculteurs du Sud ; et au Sud où elle soutient plusieurs associations dans la réalisation de leurs projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales.

Cette ONG encourage les différentes initiatives ayant pour objectif la consolidation du développement rural et agricole qui sont, à leur tour, des facteurs de développement global tant au Nord qu’au Sud.

Les actions de SOS FAIM débouchent souvent sur des résultats tangibles. Au Mali, un réseau de caisses d’épargnes et de crédit en zone cotonnière a pu être créé. Il regroupe actuellement 100.000 membres : il draine leur épargne et la réinjecte dans l’économie locale.

Le développement et la préservation de l’agriculture paysanne demeurent, selon SOS FAIM, et à juste titre d’ailleurs, la seule voie possible pour sauver des milliers de vie dans le monde, les prophéties des apôtres du néolibéralisme n’étant, en fin de compte, que de simples illusions.

La foire de l’innovation

Outre leurs préoccupations globales, les exposants présentent également les résultats de leurs dernières recherches, motivés par la poursuite du même objectif : manger mieux, polluer moins.
Les « Oméga 3 » (acide alpha linoléique), qui permettent de lutter contre le cancer de sein, l’artériosclérose et les attaques cardiovasculaires, ont été en tête d’affiche.

Les additifs naturels pour l’alimentation animale, les solutions minérales permettant d’améliorer la qualité de la culture et de l’élevage, ou bien les techniques d’allaitement automatique des veaux, ont été parmi les pratiques expliquées au public novice, et pas toujours informé sur l’origine des produits qu’il consomme.

Accueillants et disponibles, les petits agriculteurs n’oublient pour autant pas leurs revendications : « limiter le pouvoir et la concertation des multinationales liées à l’agriculture et à l’alimentation, adopter des mesures leur imposant de se plier aux normes sociales et environnementales, respecter les principes de souveraineté alimentaire. »

Aujourd’hui, alors que la problématique de la migration a été officiellement liée à celle du développement, notamment au cours de la Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement, l’approche globale des migrations se doit impérativement de se pencher sur les questions de l’autosuffisance et de la souveraineté alimentaires.

La nécessité de protéger l’autosuffisance et la souveraineté alimentaires est cruciale pour des raisons « conjoncturelles ». L’accès préférentiel au marché européen des produits issus des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), instauré par l’Accord de Lomé en 1975, prendra fin le 31 décembre 2007. L’Union européenne se conformera alors aux prescriptions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les relations entre l’UE et les pays ACP seront ensuite régies uniquement par le contenu des Accords de partenariat économique (APE).

Le Nord conçoit ces APE comme un instrument de facilitation du commerce, permettant de baisser les tarifs douaniers, d’alléger les procédures administratives, etc., alors que le Sud les considère davantage comme des leviers de développement. Cette contradiction mène inéluctablement à un conflit au niveau des ambitions des deux parties, conflit souvent remporté par les pays occidentaux qui, selon plusieurs ONG, « harcèlent les gouvernements africains. »

Désespérés et n’ayant aucune chance de survivre dans leurs pays d’origine, plusieurs citoyens de l’Afrique subsaharienne tentent la traversée vers l’Eldorado, le plus souvent dans des conditions périlleuses. Si l’Union européenne ne prend aucun engagement honnête et sincère, le rythme des arrivées massives de migrants clandestins ne devrait malheureusement pas ralentir…

Jaafar AMARI



Entretien avec SOUBEIGA Geneviève, responsable du CFPB (Burkina Faso)



SOS FAIM est une ONG active dans plusieurs pays, comme le Mali, le Burkina Faso, le Cameroun ou le Bénin. Fidèle à sa ligne d’action, elle soutient un centre burkinabé chargé de promouvoir le savon traditionnel. Cette cellule savonnerie bénéficie également du soutien d’Oxfam Magasins du monde.


Menara : Pourriez-vous nous donner un bref aperçu sur SOS FAIM ?

SOUBEIGA Geneviève : SOS FAIM aide les agriculteurs du Sud de manière à garantir leur autosuffisance alimentaire. Elle est active au Mali, au Burkina Faso, etc., c’est-à-dire partout où les agriculteurs pauvres, privés de subventions agricoles, ne peuvent entrer en concurrence avec leurs homologues du Nord dont les produits inondent les marchés africains. SOS FAIM soutient également les productions destinées aux marchés locaux. Notre but principal est de venir en aide aux agriculteurs pauvres affamés par les complexes agro-alimentaires.

Menara : Cette année, le lait est aux centres de vos préoccupations…

S.G. : En effet. Le lait et ses dérivés envahissent le marché africain, car ils sont vendus à un prix beaucoup plus bas par rapport au lait local. La raison est simple, et elle explique tous les malheurs des agriculteurs africains : la sécheresse, d’un côté ; les subventions agricoles de l’autre. SOS FAIM aide alors ces producteurs interdits d’accès aux marchés mondiaux de pouvoir au moins écouler leur lait dans leurs propres pays.

Menara : La PAC encourage la surproduction inutile, alors que l’année dernière, le Niger a connu une grave crise humanitaire, jugée apparemment insuffisante par la communauté internationale pour prendre les décisions qui s’imposent pour lutter contre ces déséquilibres. Aujourd’hui encore, la famine menace le Niger. La situation est-elle identique dans les autres pays voisins ?

S.G. : Tout à fait. Le cas du Niger a été médiatisé, car la famine y a atteint des dimensions dramatiques. Toutefois, la situation est loin d’être meilleure au Burkina Faso et au Mali où, cette année encore, la sécheresse risque de tuer de nouvelles vies. Les pluies se font rares, ce qui laisse présager une autre saison agricole dramatique.


Propos recueillis par Jaafar AMARI

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