Monday, July 31, 2006

Génération Internet!

Génération Internet !



Au Maroc, s’il est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur et qui n’échappe plus au regard commun, c’est bien la prolifération des cyber-cafés (Cafés-Internet). Prise de pair avec l’expansion phénoménale des « Téléboutiques », cette floraison a une implication primordiale : les marocains communiquent.

Dans un pays prévoyant où le futur importe tant et où l’étude de la perspective est une activité prioritaire, de tels changements auraient donné lieu à des cycles de conférence, à des études approfondies, à des sondages d’opinion, à des analyses pour en relever les effets sociologiques… Bref, à toute une étude minutieuse visant à en connaître les causes et les effets, afin d’en orienter l’usage de la manière qui soit compatible avec les projets de développement du pays. Mais au Maroc, force est de constater qu’une grande partie des jeunes, premiers usagers du net, est abandonnée à son destin, en l’absence d’un réel suivi pédagogique visant à fructifier l’usage d’Internet. Si sous d’autres cieux, la Toile est utilisée pour dynamiser les recherches, accélérer le transfert du savoir et la transmission de l’information, l’usager marocain lambda semble encore orienter son usage vers la consultation de la boîte email (souvent vide), et, surtout, vers le Chat. D’ailleurs, une pub où un usager explique qu’il a rencontré sa femme via le Chat en fait l’apologie, voire l’éloge. Dans une autre pub, une grand-mère couvre son neveu de prières car il lui a appris à ‘Chatter’.

Il va sans dire que la Toile demeure une généreuse et intarissable source d’informations, mais elle est également source de plusieurs déconvenues qui diffèrent selon la nature des sites visités, d’où la nécessité d’un réel suivi pédagogique, à l’école, grâce aux média et au sein de la famille, afin d’en maximiser les bénéfices et de pouvoir, enfin, aspirer aux projets ambitieux que ressassent les campagnes électorales telles des litanies, mais qui, une fois les élections bouclées, reprennent leurs places dans l’immense puits de l’oubli.

Hier après-midi, pris d’une nostalgie envers mon enfance, je me suis rendu sur cette rue qui, jadis, fut le tapis de mes premiers pas. Un épicier, un libraire, et en face, une salle de jeux. En revisitant cet espace, j’ai constaté qu’il était resté intact. Il était le même. Le même, mais sans nos éclats de rire ; le même mais sans les jeux vidéo ; le même mais sans les foules de jeunes qui venaient y passer des heures, surtout en ces jours d’été, rien qu’avec quelques dirhams en poche ; le même mais sans Bba Omar qui échangeait nos dirhams contre des ‘dirhams-cravate’. L’espace qui, jadis, servait de lieu à cette salle de jeux s’est transformé en cyber-café, un lieu marqué par un profond silence. Un silence différent de celui qu’on choisit et où les mots trouvent un espace pour se rencontrer et se croiser. Ce silence-là, on ne le choisit pas, on le subit. On ne le savoure pas, on l’endure. Aspirés par leurs ordinateurs et plongés séparément dans leurs mondes virtuels, désormais les usagers communiquent plus mais parlent moins.

Quel paradoxe ! Celui de la Génération Internet.

AMARI Jaafar

2 Comments:

At Monday, May 25, 2009 10:53:00 PM, Anonymous Anonymous said...

Salam.
C'est par hasard que je tombe sur cet article que j'ai beaucoup admiré, pour constater finalement qu'il est signé par une personne qui ne m'est pas du tout inconnue!
Que dire? Toujours aussi sage, aussi réaliste, aussi intelligent ... bravo et bonne continuation.

Une nommée Soukaina.

 
At Tuesday, May 26, 2009 11:26:00 AM, Blogger Jaafar said...

Merci à toi Soukaina, la BlueWave, de ton passage et pour ton commentaire généreux...

 

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