Halte au racisme sur les gradins

Halte au racisme sur les gradins


Le deuxième round du derby délocalisé a livré son verdict. Après une rencontre moyenne mais assez plaisante, les deux pôles du football national se sont neutralisés sur le score de 1-1.

Si les joueurs ont livré un match correct, ce sont les supporters qui ont volé la vedette. Par crainte d’éventuels débordements, un important appareil de sécurité a été mis en place par les forces de l’ordre. Mais les supporters ont démenti tous les pronostics et ont honoré leurs clubs ainsi que les associations qui les encadrent.

Les associations, Rajaouis Sans Frontières et Rouge et Blanc en tête, ont donné l’exemple en termes d’organisation et de structuration. Elles ont en outre fourni un argument supplémentaire contre l’approche sécuritaire en prouvant que seul l’encadrement était à même d’éradiquer les deux véritables gangrènes qui prennent en otage notre football national : la violence et l’hooliganisme.

Exemplaires dans leurs encouragements, révolutionnaires dans leurs animations avec des Tifos géants, les supporters des deux clubs ont offert un spectacle digne d’une jeunesse qui aspire à la modernité. Le décor était trop beau pour être vrai et, comme pour tout gâcher, une fausse note s’est introduite parmi les supporters rouges.

En effet, une banderole à caractère raciste a été levée. Le résultat est regrettable, honteux, mais surtout affligeant. La violence physique a été supplantée chez les rouges par une autre violence, plutôt mentale. Une violence ignoble qui laisse d’indélébiles traces chez ceux qu’elle vise. Un message immonde contre un joueur dont la couleur est conçue, par ces obscurantistes, comme un alibi au racisme, comme un incitant à la haine, au rejet, à l’exclusion, à l’humiliation.

Ce message immonde, ignoble et abject, a pu être dévoilé dans l’indifférence totale, dans l’insensibilité et l’incrédulité des supporters rouges entourant les auteurs de ces messages nuisibles à l'image de notre football et à la réputation de nos supporters.

Les supporters rouges qui se trouvaient à proximité de ces irresponsables groupuscules, ceux qui ont aidé à déployer cette banderole pour ensuite l’applaudir et s’en féliciter, ceux qui en ont repris la photo pour la diffuser fièrement, ainsi que ceux qui ont assisté de manière impuissante et passive à cette expression de racisme, ont une responsabilité directe et morale dans l’apparition de ce message humiliant, dégradant –message que tout sportif se doit de rejeter et de stigmatiser, message que tout wydadi digne se doit de regretter.

En vue de contrer ce phénomène exécrable, la FIFA a décidé de sévir: entre matchs de suspension et déductions de points, cette instance internationale a mis un point d'honneur à sanctionner lourdement les manifestations de racisme dans les stades ainsi que les clubs qui font preuve de passivité face à des supporters peu scrupuleux qui déploient, sans honte ni vergogne, des banderoles à caractère raciste. Et, soucieuse d'engager les fédérations nationales dans la lutte contre le racisme, la FIFA a également décidé de sanctionner celles qui feraient preuve d'inertie et d'immobilisme face à la discrimination raciale.

Peu avant le coup d’envoi de ce 102ème derby, la capitale éthiopienne Addis Abéba abritait la finale de la supercoupe africaine qui a mis aux prises l’équipe égyptienne d’Al Ahly et l’équipe tunisienne de l’Etoile. De géantes banderoles portant l’inscription « Non au racisme » ont été déployées dans le stade, c’est dire tout l’intérêt que la CAF porte à la lutte contre le racisme dans les terrains. Á l’heure du professionnalisme et du respect des critères internationaux de la FIFA, la FRMF gagnerait à se montrer intransigeante face à des supporters qui ont déjà été derrière deux sanctions (huis clos) pour leur club.

Peu avant son départ du Wydad, Lozano avait déclaré : « Le football marocain est pourri ». Lozano est de retour. La pourriture dans les gradins aussi.


Jaafar Amari

Article sur Menara