« Pourquoi cours-tu après la goutte d’eau ? »
« Fou que n’arrête ni la muraille ni le précipice, je me fragments et m’infinis dans chaque éclat, j’acquiers la fluidité du courant invisible de la lumière, je perce la coquille de ce qui s’agite et bruit dans les affres prénatales, je ne fais plus attention à cette ligne mince, non signalée, au-delà de laquelle le retour devient impossible.
Mais je reviens. Du moins cette fois-ci encore. Parce que je le veux. Parce que j’ai besoin de mille descentes comparables pour voir ce que je n’ai pas vu et ne verrai peut-être jamais.
Je me réveille, littéralement. La tempête s’éloigne. Ce qui est dit est dit. Le nouveau-né est là, dans le brouillon illisible de mon berceau. »
Abdellatif Laâbi
Laâbi, Abdellatif, « Pourquoi cours-tu après la goutte d’eau ? », éd. Al Manar, juin 2006
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