Alain Pellegrini : "Le 18 février j'espère aller pêcher à la ligne"
Le vendredi 2 février, le général Alain Pellegrini quittera ses fonctions de commandant de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Il passera le flambeau au général italien Claudio Graziano, et se rendra à New York, au département des opérations de maintien de la paix (DOMP) pour un débriefing de sa mission. Le 17, il quittera et l'ONU et l'armée française. Le 18, espère-t-il, il ira "pêcher à la ligne"..
Après trois ans de mandat à la tête de la Finul et sept années passées au Liban, le général Pellegrini partira à la retraite avec le sentiment du devoir accompli, en laissant "un outil satisfaisant" à son successeur. S'il est encore un peu tôt pour dresser un bilan, il énumère cependant des "résultats positifs" : "La zone a été stabilisée et sécurisée, et il n'y a plus d'armes illégales dans le sud du Liban. Nous avons adopté une posture qui nous permet de nous opposer à toutes actions hostiles qui seraient engagées à partir de la zone. Nous avons accru la sécurité de la population par le déminage, même si nous savons que cela durera encore une bonne année pour "dépolluer" l'ensemble de la zone d'opérations."
Le général Pellegrini dispose d'une petite équipe d'officiers qui se rend régulièrement de l'autre côté de la frontière, dans le cadre d'une concertation avec le commandement de l'armée d'Israël. Régulièrement, l'ONU transmet des protestations à Tel-Aviv contre les survols des avions et des drones israéliens, qui, assure le général, restent quotidiens. Jusqu'ici sans succès. Quand ils ont un message à transmettre à l'armée libanaise, qui dispose d'officiers de liaison au quartier général onusien de Naqoura, les Israéliens passent par la Finul. Celui-ci est monté en puissance avec l'afflux de contributions étrangères : il compte désormais plus de 160 officiers.
Le général Pellegrini indique qu'il attend encore des troupes du Qatar, de Tanzanie et de Corée du Sud, pour que ses effectifs soient au complet. Il souhaiterait pouvoir utiliser les six drones SDTI (système de drones tactiques intérimaires, également appelés Sperwer) qui ont été livrés au bataillon français, mais, sans le feu vert de New York, ils sont cloués au sol. Une seule chose est sûre : les informations amassées par les drones ne seraient pas transmises aux Israéliens, même s'ils cessaient leurs survols du Liban. A Tel-Aviv, les militaires sont dubitatifs : "Si la Finul use de drones pour mieux connaître les activités du Hezbollah et le désarmer, très bien. Sinon, quel intérêt ?", demande un officier supérieur.
Le chef de la Finul ne se sent pas concerné par la question du réarmement du Hezbollah : "Je me situe totalement en dehors de cette question, parce que cela se passe au nord du Litani, et que ce n'est pas ma zone. Je n'ai pas connaissance d'armes entrant dans ma zone", insiste-t-il. Comme beaucoup d'officiers français, le général Pellegrini est plutôt admiratif du travail de l'armée libanaise. "C'est une armée très légaliste, note-t-il. Du moment qu'elle n'a pas reçu l'ordre de désarmer le Hezbollah, elle n'a aucune raison de le faire." Que les promesses de livraisons d'armes au Liban n'aient pas été tenues ne le surprend pas. "C'est un peu comme le Téléthon !"
Le Monde du 30 janvier 2007
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