La paix de l'occupant
La "Paix" de l'occupant ...
Les check-points "servent à nous humilier"
Les habitants de Cisjordanie affichent leur scepticisme face à l’annonce israélienne d’un allégement des barrages en Cisjordanie.
Les quatre blocs de béton qui barrent la route du village de Ras Karkar sont toujours là. Dix jours après l’annonce, le 25 décembre, par le premier ministre israélien Ehoud Olmert de la levée prochaine de certains barrages israéliens en Cisjordanie, la mesure tarde à se concrétiser.
Ras Karkar, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Ramallah, pourrait être parmi les premiers bénéficiaires de cet allégement annoncé. La route principale, qui dessert également la colonie de Dolev, a été fermée en 2002 après une vague d’attentats suicides en Israël.
Depuis, les Palestiniens doivent emprunter une route de contournement, étroite et dangereuse, au fond d’une vallée encaissée qui n’était auparavant qu’un chemin de pâture pour le bétail. Cela allonge le trajet d’une dizaine de kilomètres.
« Regardez cette route ! On ne peut même pas se croiser à deux voitures. Il faut que l’un se range sur le côté pour laisser passer l’autre. Tous les mois, on doit changer un pneu à cause de l’état de la route qui abîme le caoutchouc », tempête un chauffeur du taxi qui balaye d’un haussement d’épaule les promesses israéliennes de faciliter les déplacements des Palestiniens en Cisjordanie. « Les annonces d’Olmert, c’est pour la presse. On n’a aucune confiance.
Depuis toujours, on entend dire que l’armée va lever des barrages. Ça n’arrive jamais. »
"Sur le terrain, on ne voit rien"
Devant la gare routière de Ramallah, d’où partent les taxis collectifs pour le nord de
Tous passent plusieurs heures par jour aux différents points de contrôle qui coupent
Depuis la seconde Intifada, Israël a considérablement restreint la liberté de circulation des Palestiniens en Cisjordanie. Entre Ramallah et Naplouse, le trajet d’une quarantaine de kilomètres peut prendre entre 45 minutes et plus de trois heures, selon la sévérité des contrôles aux trois check-points qu’il faut traverser.
Lors d’une enquête, le bureau des Nations unies chargé de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) a recensé pas moins de 534 « obstacles », check-points, blocs de béton ou simples amas de terre, qui entravent les déplacements des Palestiniens en Cisjordanie, sur un territoire de la taille d’un demi-département français. L’armée israélienne explique que ces barrages sont nécessaires pour empêcher la circulation des armes et des activistes palestiniens recherchés.
"Depuis deux ou trois ans tout est bloqué"
« Depuis deux ou trois ans tout est bloqué. Beaucoup de chemins ont été fermés », témoigne Abou Daoud par la fenêtre de sa longue Mercedes huit places. Parfois, nous sommes forcés de passer à travers champ, mais gare à toi si les soldats te voient. Ils peuvent te frapper ou casser la voiture. Des fois, ils confisquent les clés, c’est pour ça que tous les chauffeurs en ont au moins quatre », dit-il dans un éclat de rire, en agitant plusieurs trousseaux de rechange.
De son côté, l’armée israélienne affirme n’avoir reçu aucune consigne pour commencer à lever des barrages. « C’est encore au niveau politique, entre le bureau du premier ministre et celui du ministre de la défense », affirme une porte-parole du bureau de presse de l’armée israélienne. En fait, les généraux traînent les pieds pour appliquer ce plan de démantèlement, qu’ils jugent préjudiciable à la sécurité d’Israël et des colons qui vivent en Cisjordanie.
Selon les informations du quotidien israélien Haaretz, les premiers assouplissements pourraient commencer à prendre effet cette semaine. Si les mesures annoncées sont effectivement appliquées, 27 barrages routiers qui ne sont pas occupés par des soldats seront démantelés. Les contrôles seront également allégés sur une quinzaine de check-points.
Les check-points "servent à nous humilier"
Une goutte d’eau, juge Khaled, 30 ans, qui travaille à Ramallah et ne rentre chez lui à Naplouse qu’une fois par semaine pour éviter le tracas de check-points. « Souvent les soldats nous font descendre de voiture et nous demandent de nous déshabiller. Les check-points ne sont pas là pour arrêter les personnes recherchées. Ils servent à nous humilier, à faire sentir que les Israéliens sont là. C’est une forme de pression psychologique. Si certains barrages sont enlevés, à la moindre alerte, ils seront vite remis en place. »
Preuve supplémentaire pour les Palestiniens de l’ambiguïté de la politique israélienne, le jour de l’annonce de la levée de certains barrages, Ehoud Olmert a également officialisé la construction d’une nouvelle colonie juive dans la vallée du Jourdain, Maskiot, pour accueillir les colons évacués de Gaza en 2005.
C’est la première fois depuis dix ans qu’une colonie va être construite en Cisjordanie avec l’aval du gouvernement israélien. « Quel message cherchent-ils à envoyer ? », s’est interrogé Saeb Erekat, conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, jugeant que cette construction violait le nouvel esprit de coopération affiché par le premier ministre israélien.
Karim LEBHOUR, à Ramallah
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3605
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