Saturday, October 07, 2006

Katim Alaoui

Katim Alaoui, pharmacologue: Une Ecolo Pardi

Katim Alaoui, 45 ans, est pharmacologue, entre autres. Elle a aussi choisi sa bataille, l’arganier marocain, au-delà de l’aspect scientifique…

Elle se bat pour des arbres. Une lutte qui peut paraître bien dérisoire dans un pays aux plaies béantes. Katim Alaoui a tout de même choisi de se battre pour un arbre, l’arganier. Un arbre qui, soit dit en passant, fait vivre 2,5 millions de Marocains. Ce sont ces hommes et ces femmes qu’elle a choisis.


“Parlez-moi de vous”. Et elle vous répond l’arganier. Un cours, un exposé, une thèse vivante sur l’arganier. Ce n’est pas le sujet et pourtant, si ! Les premiers doutes sont rapidement balayés par une affection nouvelle et contagieuse, et vous voilà endoctrinée par une sorte de prêtresse écolo. L’entretien terminé, Katim Alaoui sourit, presque désolée : «Au moins maintenant, lorsque vous verrez un arganier, vous ne le regarderez plus de la même manière». Mais avant, elle a parlé de l’histoire du seul arbre qui n’existe nulle part ailleurs qu’au Maroc, récit raconté comme celui d’un être cher, à mi-chemin entre l’affection avouée d’une mère pour son enfant et l’intérêt scientifique d’une pharmacologue confirmée. On est loin d’une hurluberlu green-peacienne menottée à la coque d’un navire, et juste tout près d’une carrière vouée à une cause et à ses conséquences sociales et économiques. 750.000 hectares de forêt d’arganiers, un triple rôle écologique, forestier, fourrager et fruitier, une formidable puissance racinière… «Si l’arganier n’avait pas existé, le désert serait aux portes d’Agadir. C’est un arbre dont les produits dérivés font vivre trois régions entières du Maroc dont les habitants n’ont pas d’autres ressources». Et d’ajouter, comme pour terrasser les dernières réticences : «Pourtant, 600 hectares de cet arbre unique disparaissent chaque année».


Mon fils, ma bataille

Il en a fallu des efforts, mais finalement on y arrive. Qui est-elle ? Elle est la fille d’un haut fonctionnaire de l’administration et d’une directrice d’école, «à l’enfance privilégiée» et au rapport inné à la nature. Docteur de Sciences pharmaceutiques à Bordeaux, et plutôt que d’attendre une équivalence qui n’est toujours pas arrivée et puisqu’elle n’est pas du genre à patienter, Katim Alaoui soutient un Doctorat d’Etat en pharmacologie à Casablanca en 1998. Son sujet de thèse se rapporte à l’arganier. La boucle est bouclée, la discussion est close et l’on repart sur le fameux sujet. Entre-temps, elle s’est mariée à un homme «avec qui elle a été à bonne école, qui ne s’est jamais donné une minute de repos», a eu deux filles et a poursuivi sa carrière de professeur de pharmacologie à la faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat. Elle y est également responsable de la formation d’homéopathie, de celle de phytothérapie, tout récemment de l’UFR des substances naturelles, a participé à la rédaction de plusieurs ouvrages, est l’une des grandes spécialistes des plantes médicinales et pour finir, si vous en avez encore le souffle, a été nommée responsable des affaires culturelles des étudiants pour lesquels elle est en train de monter une troupe de théâtre, un orchestre et un jardin botanique au sein même de la faculté. Et avec cela, ce sera tout de même arganier ou ne sera pas. «Il faut 10h de meule à une femme pour tirer des graines 1 litre d’huile d’arganier que le mari se chargera de vendre à 35 dh en moyenne au souk de la semaine alors que certaines épiceries fines à Paris facturent à 35 euros le même litre». Inadmissible pour une femme trop proche de ces fameuses plaies pour pouvoir s’autoriser l’inertie. Une fondation plus tard, présidée par André Azoulay, les laboratoires Pierre Fabre d’un côté et les aides de régions françaises de l’autre, l’arganier marocain est sur le point d’obtenir son Indication Géographique, le protégeant des accords de libre-échange galopants et l’huile d’arganier est reconnue désormais par l’OMC comme un produit exclusivement marocain. Il est même question que cet arbre soit à l’origine du premier médicament marocain au vu de ses qualités anti-inflammatoires. Il était surtout question d’en faire une force qui, entre autres, aura exigé des pouvoirs publics de monter des actions sociales et sanitaires dans ces régions. Katim Alaoui sera même allée chercher le seul producteur mondial de four solaire, qui sera bientôt offert à la ville de Safi, pour qu’on arrête de toucher au tronc de son arbre.

1961
Naissance de Katim Alaoui à Casablanca.

1989
Doctorat en Sciences pharmaceutiques à Bordeaux

1998
Doctorat d’Etat en pharmacologie à Casablanca. C’est la rencontre avec l’arganier.

2004
Katim Alaoui crée la Fondation Mohammed VI pour la recherche et la défense de l’arganier

2006
La bataille continue. Objectif : l’énergie solaire


Par Oumama Draoui


Katim Alaoui, pharmacologue : une Ecolo pardi

2 Comments:

At Sunday, October 08, 2006 10:40:00 AM, Anonymous Anonymous said...

Heureux de savoir qu'il y'a au moins une personne qui s'interesse à mon huile préferée(L'haj)

 
At Sunday, October 08, 2006 8:00:00 PM, Blogger Jaafar said...

C'est l'huile preferee de tous les Marocais, une partie inhérente de notre patrimoine, trésor inestimable de nos sols -généreux même en temps de sécheresse...

 

Post a Comment

<< Home


Powered by IP2Location.com Locations of visitors to this page