Poème de fin d’année dans Beyrouth entrelacée…
« Poème de fin d’année dans Beyrouth entrelacée… »
Extrait :
"La brutalité de la fin, Mon Amour,
Entre les draps bleus de la mer, au levant.
Lancinante la vague qui l’abat contre toi,
Falaise douce et voix de sucre,
Le miel de ta salive au bord de mes lèvres.
Regarde, Mon Amour,
Beyrouth bercée et bruyante,
Belle et bavarde,
Rangée le soir comme les jouets
D’une petite fille sage,
Tandis que les démons déferlent,
Dans les décombres,
Et entreprennent les sabbats de la démence
En la compagnie éblouie des morts.
De Beyrouth crucifiée,
Clouée au pilori et désarticulée sur la roue,
Regarde les Rois phéniciens se lever de leurs tombeaux obscurs.
Ils ne connaissent de la ville
Ni ses portes ni sa montagne
Ramassée sur les blessures des cèdres.
Ils remettent les clefs de la cité
Aux succubes
Qui visitent parfois les Beyrouthins endormis.
Au milieu des âmes des revenants
Qui n’ont jamais quitté Beyrouth,
Beyrouth prostituée qui ne se vend
Qu’aux poignées de dollars.
Liftée et maquillée,
Parfumée et aguicheuse,
Elle a voulu faire oublier qu’elle était vieille,
Si vieille, délabrée et ruinée,
Edentée et meurtrie.
Ses ecchymoses visibles sur les milliers de fenêtres vides
De ses immeubles disloqués.
Je ne t’aime pas, Beyrouth, mon Amour,
Pâmée entre mes bras.
Je caresse ta poitrine et prends
Ta tête que j’adore, entre mes mains au bout desquelles
La sensibilité est devenue
La clématite bleue et la rose de Saâron que je jette à tes pieds
Célébrant dans la passion la plus folle
Ma terrible envie de ta douceur,
A mon côté allongée."
El Khayat, Rita, Questions arabes : Aujourd’hui, l’acuité des problèmes, Ed. Aïni bennaï, Casablanca, 2003, p.153
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