Kots en Belgique
Étudiants étrangers : la problématique des « kots »
Á l’approche d’une nouvelle rentrée scolaire, les étudiants s’activent à la recherche d’un logement, soit-il dans une cité universitaire ou en ville. Mais pour les étudiants étrangers, une complication inutile vient s’ajouter à l’habituelle et très connue difficulté de l’exercice : celle de trouver un logement où ils peuvent être domiciliés. Si le problème ne se pose pas pour les étudiants belges domiciliés pour la plupart –voire tous- dans le foyer parental, leurs homologues étrangers ont impérativement besoin d’une adresse qui figurera sur leur carte de séjour « limitée à la durée des études ».
Fausse impression
Des propriétaires qui s’activent, des affiches collées partout, des travaux en vue d’adapter les logements des étudiants à la nouvelle rentrée. Le décor est parfait mais il induit en erreur : Á voir cet engouement, l’on pourrait facilement croire que l’offre dépasse largement la demande. Et pourtant. Á la rentrée, les malheureux seront du côté des étudiants étrangers et non des propriétaires. Et pour cause. Les annonces ne ciblent pas tous les étudiants, indépendamment des études qu’ils poursuivent et de leur nationalité ; indépendamment de la couleur de leur peau, sommes-nous tentés de dire.
Plusieurs offres semblent convenir aux attentes des étudiants étrangers, mise à part cette mention ajoutée sous diverses formes : « Étudiant non domicilié », « Pas de domiciliation ». Ou encore, comble de la bêtise : « Pas de domiciliation ; Pas les week-ends ». La pratique est illégale, nous apprennent les employés communaux au service des étrangers. Illégale mais bien présente, dans un état de droit. Illégale mais impunie, dans un état de droit. Illégale et récurrente enfin, dans un état de droit. Les mêmes fonctionnaires nous apprennent que la mention « Pas les week-ends » indique clairement que seuls les étudiants « belges de souche » sont les bienvenus, d’où une ségrégation à l’encontre de
Nos interlocuteurs au service des étrangers poursuivent : « Tout local pouvant être loué peut servir de domicile ». Ainsi, les propriétaires interdisant la domiciliation à leurs locataires sont, au mieux des hors-la-loi louant des kots et des studios sans avoir un permis de location ad hoc, au pire des racistes (qui s’ignorent ?). L’on peut comprendre que certains locataires rechignent à louer à des étudiants de telle ou telle nationalité après avoir eu des problèmes avec un ancien étudiant locataire provenant du même pays, soit en raison de retards dans le paiement du loyer ou de la dégradation des lieux –pratiques que nous dénonçons haut et fort. Mais sanctionner énormément d’étudiants à cause d’un tort causé par un de leurs compatriotes est une attitude inacceptable.
De leur côté, les propriétaires rétorquent que « la commune a fait envoyer des experts pour visiter les lieux et imposé de nouvelles mesures » en ce qui concerne les domiciliations. « Nous ne demandons qu’à louer », assurent-ils.
Discours contradictoire
En raison du caractère contradictoire des déclarations des propriétaires et des employés du service des étrangers, les étudiants étrangers se trouvent dans l’impasse. Seules victimes de cet imbroglio (ou sordide manipulation ?) et sans véritable appui associatif, ils ne savent plus à quel saint se vouer.
Il est peu probable qu’un groupe de pression se saisisse de ce dossier, qui ne cesse rendre la vie des étudiants étrangers en Belgique de plus en plus compliquée. Les cités universitaires fermées l’été –à quelques exceptions près-, les propriétaires imposant leur (injuste) loi en toute impunité, une deuxième session qui commence bientôt : tels sont les ingrédients d’un été gâché. Un été de plus, finalement.
Frustrés et désespérés mais surtout pressés par le temps, la plupart des étudiants étrangers sauteront sur la première occasion pour dénicher un kot, introuvable sésame. Peu importe le prix du loyer ; et peu importe la superficie : Optimum condimentum est fames!
Jaafar AMARI
Étudiant marocain
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