Haya Rashed al-Khalifa
Depuis le 8 juin, une brune quinquagénaire fait la Une des gazettes de Manama. Élue ce jour-là présidente de la 61e session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU, qui s’ouvrira le 12 septembre prochain, Haya Rashed al-Khalifa est devenue « la fierté » de tout Bahreïn. Dans ce petit archipel de 696 km² situé au centre du golfe Arabo-Persique, son prénom est sur toutes les lèvres. Son nom, lui, l’était déjà. Haya est en effet une descendante d’Ahmed al-Fateh, fondateur, en 1782, de la dynastie des Khalifa. Dans une région où le beau sexe n’a guère droit au chapitre, la Bahreïnie incarne le « libéralisme distinctif » du petit royaume.
Juriste de formation, polyglotte, Haya est passionnée de politique. Elle a longtemps milité pour la promotion de la femme bahreïnie, mais son message n’avait jamais trouvé oreille attentive au palais avant l’accession au trône, en 1999, de Hamed Ibn Issa Al-Khalifa (56 ans), qui, trois ans plus tard, transforme l’émirat en monarchie constitutionnelle et nomme plusieurs femmes dans la haute fonction publique. Dans la foulée, Haya, jusque-là obscure fonctionnaire dans l’administration judiciaire, est promue ambassadrice à Paris et déléguée permanente de son pays auprès de l’Unesco. Jamais une femme de l’archipel n’avait occupé pareil poste.
Dans la capitale française, la Cheikha est de toutes les manifestations diplomatiques et culturelles. Sa mission prend fin en 2004. De retour au pays, elle devient la principale conseillère juridique du roi. « C’était une fonction provisoire, on savait que Haya pouvait mieux servir le rayonnement de son pays », commente un familier de la cour. Une occasion en or se présente en 2006. Après l’Afrique et l’Europe occidentale, c’est au tour de l’Asie de présider les assises du « Parlement » onusien. Bahreïn propose le nom de son illustre diplomate. Les délégués du bloc asiatique applaudissent. C’est la troisième fois dans les annales de l’ONU que cet honneur échoit à une femme. En 1953, puis en 1969, une Indienne, Vijaya Lakshmi Pandit, et une Subsaharienne, la Libérienne Angie E. Brooks, s’étaient installées au perchoir. Trente-six ans après, Haya, l’Arabe, leur emboîte le pas.
Ben Ali, Abdellah, « Haya Rashed al-Khalifa », Jeune Afrique l’Intelligent, N°2372, du 25 juin au 1er juillet 2006, p.29
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